Téléconsultation en médecine générale et spécialisée en centre d’hébergement et de soins de longue durée

CONSTATS DE L’INESSS À CE JOUR  (Téléconsultation en CHSLD)

En se basant sur la documentation scientifique disponible au moment de sa rédaction, et malgré l’incertitude existante dans cette documentation et dans la démarche utilisée, l’INESSS met en lumière que:

  • La littérature disponible porte principalement sur les milieux de vie pour personnes âgées s’apparentant aux centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) québécois. Les données analysées peuvent toutefois s’avérer applicables dans des ressources intermédiaires (RI) et des ressources de type familial (RTF) ayant une offre de service médical.
  • La littérature disponible traite principalement de la téléconsultation réalisée à l’aide d’une vidéo (soit en visioconférence ou via un ordinateur, une tablette numérique ou un téléphone intelligent) alors que dans la pratique québécoise, le téléphone semble être le moyen privilégié.
  • Dans une perspective organisationnelle, la téléconsultation permettrait de réduire les transferts évitables des CHSLD à l’urgence, d’élargir la couverture médicale en dehors des heures normales et d’augmenter l’accès en médecine générale et spécialisée (p. ex. : gérontopsychiatrie, neurologie, soins palliatifs), notamment en régions éloignées. La téléconsultation aurait le potentiel d’amener des économies grâce à la réduction des transferts évitables à l’urgence et à la diminution des déplacements des résidents et des médecins.
  • Dans une perspective clinique, la téléconsultation en CHSLD doit être complémentaire à la prise en charge médicale en personne. Elle peut notamment être utilisée pour l’évaluation de résidents avant leur admission, pour des évaluations régulières par les médecins généralistes et spécialistes en cours de séjour, pour des évaluations nutritionnelles ou fonctionnelles de résidents, pour l’éducation de résidents, après des soins aigus et lors de changements de l’état de santé (p. ex. : agitation, chute, résultats de laboratoire anormaux).
  • Considérant que les infirmières sont responsables de la planification et de la coordination des soins en CHSLD, elles ont un rôle important de suivi lors des téléconsultations médicales. La participation des équipes en CHSLD, notamment les médecins et les infirmières, à des séances de téléconsultation permettrait, dans une certaine mesure, de soutenir l’amélioration de leurs connaissances et de leurs compétences cliniques.
  • En médecine générale et spécialisée, la téléconsultation a été utilisée chez les résidents hébergés en établissements de soins de longue durée pour l’évaluation, le diagnostic et le suivi de conditions dermatologiques et de troubles neurocognitifs. Elle est aussi utilisée en médecine générale pour la gestion à distance de maladies chroniques et de maladies infectieuses. Elle peut aussi être utilisée en médecine spécialisée en gérontopsychiatrie, en neurologie et en soins palliatifs. La téléconsultation a aussi été exploitée pour réviser la médication prescrite par des médecins spécialistes.
  • Aucun effet indésirable en lien avec la téléconsultation n’a été clairement identifié dans la littérature consultée. La littérature mentionne toutefois qu’il ne semble pas approprié de faire une consultation vidéo lorsqu’un examen physique ou radiologique est requis (p. ex. : suspicion de pneumonie), à moins d’avoir à sa disposition de l’équipement adapté, tels un stéthoscope numérique, un otoscope ou une caméra orale. La téléconsultation est aussi à éviter lors de prises de décision médicolégales.
  • Selon la littérature et les membres du comité consultatif, la téléconsultation est généralement acceptée par les résidents, les personnes proches aidantes, les médecins, les membres du personnel et les gestionnaires des établissements de soins de longue durée. L’ensemble de ces parties prenantes présente un niveau élevé de satisfaction à l’égard des services offerts en téléconsultation.
  • Plusieurs enjeux associés à l’utilisation de la téléconsultation médicale en CHSLD sont nommés dans la littérature analysée et dans une consultation effectuée. Les membres du comité consultatif soulignent également l’applicabilité de la téléconsultation médicale dans les CHSLD au Québec. Ces enjeux peuvent tantôt être un facilitateur ou une barrière à l’implantation selon la réalité de chaque installation / établissement.
  • Les enjeux organisationnels liés à l’implantation de la téléconsultation médicale en CHSLD sont de divers ordres :
    • L’implantation de la téléconsultation occasionne des changements dans les processus organisationnels, dont la répartition des tâches et des activités, qui doivent être adaptés aux caractéristiques de chaque installation / établissement. Ces changements nécessitent le développement et l’utilisation systématique d’une procédure encadrant les phases avant, pendant et après la téléconsultation (p. ex. : sélection des patients et mécanismes de référence, processus de réalisation, mise en œuvre du plan de soins, mise à jour de l’information et suivi des recommandations).
    • Des enjeux financiers liés à la rémunération des services de téléconsultation et au financement de départ pour la mise en œuvre technologique sont aussi nommés dans la littérature consultée et corroborés par des membres du comité consultatif.
    • Des enjeux d’accès aux dossiers médicaux des résidents existent en lien avec la téléconsultation et d’intégration avec les systèmes d’information clinique en place dans le réseau de la santé et des services sociaux québécois. L’importance d’avoir une technologie permettant de communiquer et d’échanger l’information pertinente avec les autres systèmes d’information ainsi qu’une technologique faciles à utiliser, fiable et sécuritaire sont nommées.
    • Des enjeux de ressources humaines et de développement des compétences cliniques et technologiques des équipes dans les CHSLD sont aussi nommés par des membres du comité consultatif. L’accompagnement (par une infirmière ou autre), qui est souvent nécessaire et qui facilite la réalisation de la téléconsultation, n’est pas toujours possible en raison de la charge de travail, ce qui constitue un obstacle important.
  • Les enjeux cliniques liés à l’implantation de la téléconsultation médicale en CHSLD sont :
    • La téléconsultation semble être un mode de prestation de soins convenant à la plupart des résidents. Cependant, certaines situations nécessiteraient le recours préalable à des rencontres en personne.
    • Des membres du comité consultatif mentionnent que la téléconsultation doit être intégrée de façon complémentaire et fluide, au mode de prestation des soins et services en personne habituel et à la pratique des équipes interprofessionnelles en place dans les CHSLD.
    • La qualité de l’évaluation et de l’examen physique à distance est directement liée à la validité et à la fidélité des tests administrés à distance ainsi que de la disponibilité d’équipements adaptés.
    • En l’absence d’information claire sur les effets indésirables de la téléconsultation pour les résidents, la littérature suggère que les médecins doivent être prudents dans leur interprétation des données obtenues et les décisions liées aux évaluations menées.

Voir également la réponse rapide portant sur l’utilisation de la téléconsultation en médecine de première ligne et médecine spécialisée.

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