Les moyens ou interventions mis en place pour limiter les conséquences négatives des mesures restrictives sur le développement et le bien-être des jeunes

CONSTATS DE L’INESSS (03-06-2020)

En se basant sur la documentation scientifique disponible au moment de sa rédaction et malgré l’incertitude existante dans cette documentation et dans la démarche utilisée, l’INESSS met en lumière :

Les conséquences négatives des mesures restrictives sur les jeunes

  • Plusieurs auteurs soulignent que les mesures restrictives prescrites pour faire face à la pandémie de la Covid-19 engendrent de nombreux effets délétères sur l’éducation des enfants, leur bien-être et leur sécurité, en plus d’effriter leurs liens sociaux et de perturber ou empêcher leur développement.
  • En raison des besoins physiologiques, psychologiques et développementaux particuliers des jeunes, ces effets pourraient s’avérer plus problématiques et durables que ceux observés chez les adultes.
  • L’ampleur de la portée de la pandémie chez les jeunes en termes de prévalence est toutefois, pour le moment, peu mesurée.
  • Les conséquences négatives des mesures restrictives chez les jeunes pourraient s’avérer plus importantes chez ceux qui présentent des facteurs de vulnérabilité et pour qui les conditions de confinement sont souvent plus difficiles. Il est anticipé que cette situation pourrait contribuer à l’exacerbation des inégalités sociales préexistantes.

Les moyens ou interventions favorisant le développement des enfants et des jeunes ou le maintien de leurs capacités

  • Plusieurs stratégies mises de l’avant dans d’autres juridictions pour limiter les conséquences sur le développement et le bien-être des enfants ont été identifiées. Elles pourront servir d’appui à la décision dans la reprise des occupations des jeunes dans la phase de déconfinement. Ainsi, les risques d’infection à la Covid-19 devraient être soupesés en fonction des conséquences négatives des mesures restrictives liées à la pandémie sur le développement et le bien-être des jeunes.

Chez les jeunes et leur famille

  • Dans le but de soutenir le bien-être émotionnel des enfants pendant la pandémie de COVID-19, la littérature propose par exemple d’offrir un environnement physique et émotionnel sécuritaire, de tenir l’enfant occupé et de mettre de l’avant les forces, l’espoir et la positivité. Il est également suggéré d’aller chercher de l’aide professionnelle si le jeune présente des signes de souffrance qui ne se résolvent pas rapidement.
  • De nombreuses ressources d’informations sont disponibles pour les parents et les familles qui ont accès à Internet et qui peuvent l’utiliser de façon autonome.
  • L’horaire des journées au sein des familles peut être déstructuré et manquer de routine depuis le début du confinement et peut continuer de l’être pendant le déconfinement, ce qui peut nuire au développement et au bien-être des enfants et des jeunes. C’est pourquoi il est suggéré, pour favoriser le sommeil, de structurer les journées et de prendre en considération les facteurs suivants :
    • l’activité physique,
    • le temps d’inactivité/temps passé devant les écrans,
    • le sommeil,
    • l’alimentation.
  • Les familles peuvent avoir besoin de soutien pour combler les besoins de base avant de pouvoir se préoccuper du développement et du bien-être des jeunes.
  • La flexibilité mentale et l’autosoin sont des aspects essentiels pour la santé mentale et lorsqu’ils sont développés par les parents, ils peuvent favoriser l’épanouissement familial, le soutien dans le développement des comportements prosociaux des enfants et les comportements parentaux positifs, notamment pendant la pandémie de la COVID-19. Des mots-clics (hashtags) ont été développés pour disséminer ces aspects auprès de la population dans les réseaux sociaux (par exemple, #SmallThingsMatter, #WeAreStrongerTogether).
  • Certaines approches probantes peuvent également être mises en place auprès des parents, pour les aider à rehausser leurs compétences parentales, favoriser le développement des enfants et réduire les risques d’abus et de négligence.

Dans la vie communautaire

  • La socialisation et la vie en groupe sont des dimensions importantes à considérer dans le développement des jeunes et leur sentiment de réalisation. Les adolescents en particulier accordent une très grande importance à leur réseau social, lequel contribue de manière significative à leur bien-être.
  • Dans un des documents consultés, des mesures pour permettre de réduire l’isolement social des familles sont décrites pour chacune des phases du déconfinement. Par exemple, une famille peut former une “bulle” avec une autre famille exclusivement, puis dans une phase subséquente du déconfinement, cette “bulle” peut englober la famille et les amis proches avec qui celle-ci passe du temps régulièrement.
  • Des rassemblements sont aussi autorisés en respectant la distanciation physique.
  • Cette pandémie peut représenter une opportunité de développer des mécanismes durables pour co-construire et engager les jeunes de façon notoire, particulièrement dans les mesures, les projets de réorganisation ou les pratiques de protection de leur santé et leur bien-être.
  • Les jeunes s’impliquent dans la communauté en réponse à la pandémie de COVID-19. Il serait bénéfique de trouver des façons pour les jeunes de pouvoir donner ou recevoir de l’aide pour améliorer leur santé mentale et leur attachement à la communauté, ce qui peut notamment favoriser l’observance aux consignes de protection. Cependant, les liens entre les comportements prosociaux et la santé mentale sont encore partiellement compris et méritent de faire l’objet d’autres recherches.
  • Bien que la participation à la vie religieuse touche une minorité de jeunes, l’accès aux lieux de cultes peut leur permettre de participer de nouveau à leur vie communautaire. Certains pays ont permis à nouveau l’ouverture des lieux de prières.

Au niveau de l’école et des services de garde

  • L’éducation est un facteur de protection important pour les jeunes en situation d’urgence. En plus des impacts psychologiques, sociaux et économiques déjà mentionnés, la fermeture prolongée des écoles pourrait avoir des impacts irréversibles sur la progression scolaire de certains jeunes.
  • En contexte de fermeture d’écoles, des programmes d’éducation à distance sont souvent mis en place. Ceux-ci peuvent inclure des ressources pour l’apprentissage par le jeu pour les enfants d’âge préscolaire, de l’enseignement des notions sur l’hygiène et la prévention des infections, et des notions d’apprentissage social et émotionnel visant à favoriser la résilience en période de crise. L’éducation à distance devrait être adaptée pour faire en sorte qu’elle soit accessible à tous les élèves. Du soutien aux enseignants devrait également être apporté pour leur permettre de mettre en œuvre cet enseignement à distance, de même que du soutien individualisé aux élèves en difficulté d’apprentissage.  Malgré toutes ces mesures, l’éducation à distance comporte ses limites et peut être difficile à envisager sur une longue période.
  • Lors du retour à l’école, la littérature souligne notamment l’importance de prendre des mesures pour rattraper le retard scolaire, de fournir du soutien émotionnel aux jeunes et de continuer à développer les capacités du système éducatif pour l’enseignement à distance, en prévision d’une prochaine vague de pandémie.

Au niveau des loisirs, des sports et de la vie culturelle

  • Plusieurs juridictions à travers le monde ont débuté la reprise des activités de sports, de loisirs et de la vie culturelle, en fonction d’un plan de déconfinement, souvent progressif. Ceci procure ou procurera éventuellement de nouvelles possibilités aux jeunes de se divertir, par exemple, l’accès aux piscines publiques, aux bibliothèques, aux restaurants et aux petits musées.
  • La reprise d’activités extérieures et physiques en particulier contribue à la bonne santé des enfants et à leur développement physique et mental, dans le respect des mesures d’hygiène et de distanciation physique liées à la pandémie. Ceci peut être encouragé par la possibilité, par exemple, d’accéder aux parcs nationaux ou de pratiquer certains sports individuels.
  • Des orientations sont données ailleurs dans le monde pour une reprise sécuritaire des camps de jours et camps d’été.

Et l’environnement numérique

  • La crise sanitaire actuelle a rendu l’environnement numérique encore plus central dans le quotidien des jeunes et familles, exacerbant les dilemmes déjà présents quant aux bienfaits et risques des technologies numériques chez les jeunes. Les technologies numériques permettent notamment aux jeunes de socialiser, d’apprendre et d’obtenir du soutien, mais comportent aussi plusieurs risques : désinformation, cyberintimidation, exposition à du contenu inapproprié, adoption de comportements à risque, exploitation sexuelle, etc.
  • En collaboration avec les jeunes, la concertation de plusieurs acteurs (parents, milieux éducatifs, entreprises en technologies numériques et décideurs) est souhaitée en vue de protéger les jeunes et de les aider à trouver un équilibre entre les bienfaits et les risques des activités en ligne. Entre autres, la littérature suggère de discuter ouvertement avec les enfants de leurs activités en ligne et des risques possibles, d’optimiser les paramètres de sécurité des logiciels et applications en les rendant plus visibles, et d’indiquer clairement aux parents et aux jeunes les mesures à prendre en cas de difficulté.

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