Indications et critères d'accès au test de détection moléculaire du SARS-CoV-2

CONSTATS DE L’INESSS (21-07-2020)

Considérant la situation actuelle de pandémie au Québec et ailleurs dans le monde, et à la lumière des informations présentées, l’INESSS dégage les constats suivants :

  • La charge virale du SARS-CoV-2 évolue dans le temps en fonction du stade de la maladie et influence le résultat du TAAN. Un résultat négatif n'exclut pas la possibilité d'une infection par le SARS-CoV-2.
  • Des études comportant plusieurs limites rapportent que la proportion d’individus asymptomatiques pourrait être importante (Niveau de preuve modéré). Les données disponibles varient en fonction de l’épidémiologie locale, de la population à l’étude et des conditions et critères d’accès au test.
  • Les individus asymptomatiques y compris les individus présymptomatiques (en phase d’incubation de la maladie) présentent un certain potentiel infectieux (Niveau de preuve élevé). La charge virale de certains est suffisamment importante pour être détectable par TAAN (Niveau de preuve élevé). 
  • Des données encore fragmentaires suggèrent toutefois que le potentiel infectieux des individus asymptomatiques serait moins important que celui des individus symptomatiques. Le potentiel infectieux des individus atteints de la COVID-19 augmenterait avec l’âge, la sévérité de la maladie, la présence d’expectorations, ainsi que la durée et la fréquence des contacts avec des personnes susceptibles (Niveau de preuve faible).
  • La période médiane d’incubation de la COVID-19, définie comme le temps entre la première exposition au SARS-CoV-2 et l’apparition des symptômes, serait d’environ 5 jours, mais pourrait varier de 2 à 14 jours (Niveau de preuve modéré).
  • Le résultat du TAAN ne renseigne pas sur le potentiel infectieux d’un individu (ARN viral vs particule virale infectieuse). En phase de guérison, de l’ARN viral pourrait être détecté en absence de virus infectieux pendant encore de nombreux jours. Selon les analyses virologiques repérées, aucune particule virale infectieuse ne serait excrétée après 8 jours suivant l’apparition des symptômes chez les personnes guéries, et ce, malgré un résultat de TAAN positif (Niveau de preuve faible).
  • En période décroissante de l'épidémie, une proportion importante des cas positifs détectés pourrait ne plus être en phase infectieuse de la maladie. Compte tenu des conséquences pour les individus (ex., mesures d'isolement) de même que sur l’organisation des soins et services, la détection de ces cas pourrait nuire significativement à l’efficience de certaines stratégies de dépistage.
  • Certaines procédures médicales produisent des aérosols et augmentent le risque de transmission du virus au personnel soignant.
  • Certaines personnes sont à risque accru de complications en cas d’infection au SARS-CoV-2.
  • Au sein d'un groupe ou d'une population donnée, il n’y a actuellement pas de preuve de la valeur ajoutée d’un dépistage systématique des individus asymptomatiques en l’absence de facteurs de risque d’infection (ex., contact étroit avec une personne confirmée positive).
  • L’ensemble des autorités de santé recensées à travers le monde priorisent l’utilisation du TAAN pour le diagnostic des individus symptomatiques.
  • À la lumière des données disponibles et de l’incertitude qui en découle, certaines juridictions et sociétés savantes proposent des lignes directrices révisées pour inclure le dépistage des personnes asymptomatiques au sein de populations données, principalement dans les milieux fermés hébergeant des personnes à risque de complications sévères (ex., CHSLD, RPA).
  • Il y a un coût d’opportunité associé aux déploiements massifs d’activités de dépistage auprès des individus asymptomatiques, tel que le délestage d’autres analyses. En présence d’un très faible niveau de transmission communautaire, le rapport des bénéfices n’apparait pas en faveur d’un dépistage systématique par TAAN (Niveau de preuve faible).
  • Au Québec, actuellement, en dehors de la région de Montréal, la prévalence de la maladie est généralement très faible.

Positions DE L’INESSS

  1. Les individus symptomatiques doivent être testés en priorité.
    Une approche axée sur les personnes symptomatiques de même que l'identification et l'isolement de leurs contacts demeurent la meilleure stratégie pour mettre fin aux chaînes de transmission.
  2. À la lumière des données disponibles, il apparait juste et raisonnable dans certains contextes d’adopter un processus de dépistage des individus asymptomatiques à des fins d’organisation des soins et des services de santé ou de contrôle et prévention des infections (Tableau 1).
  3. En raison de la paucité des données soutenant l’efficience de telles approches, tous les TAAN de dépistage du SARS-CoV-2 effectués chez des individus asymptomatiques devraient être clairement identifiés et faire l’objet d’un suivi distinct (c.-à-d., documenter le contexte de la prescription du TAAN et le taux de positivité pour chacune des indications).


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