Traitement chirurgical du cancer de l'œsophage : effet du volume d’interventions sur les résultats cliniques
2011-01-18 | Cancérologie
L’œsophagectomie est une chirurgie complexe et peu fréquente, à risque élevé de morbidité et de mortalité postopératoire, habituellement pratiquée pour traiter un cancer de l’œsophage. Elle représente, selon certains auteurs, le modèle idéal pour examiner la relation entre le volume et les résultats opératoires.
Ce rapport vise à déterminer si les données de la littérature permettent :
- d’établir l’existence d’une relation entre le volume d’œsophagectomies (par centre hospitalier ou par chirurgien) ou la spécialité du chirurgien et les résultats à court terme en termes de mortalité postopératoire (à 30 jours ou lors du séjour initial à l’hôpital);
et - de définir des seuils standards qui pourrait garantir une meilleure qualité des soins.
Au terme de son analyse, basée sur les recommandations d’autres pays et provinces canadiennes et sur des études dont les faiblesses méthodologiques et l’hétérogénéité imposent une interprétation prudente des résultats, l’AETMIS formule plusieurs conclusions:
- Sur le plan du volume d’interventions chirurgicales, la majorité des études montrent une relation inversement proportionnelle entre le volume d’interventions par hôpital ou par chirurgien et la mortalité postopératoire. Les études qui ont ajusté leurs résultats en fonction du profil des patients confirment cette association.
- Sur le plan de la spécialité du chirurgien, la relation entre la spécialité du chirurgien et les résultats opératoires n’est pas suffisamment abordée par les études.
- Sur le plan des seuils standards, la littérature propose plusieurs catégories de volume élevé et faible d’un hôpital ou d’un chirurgien sans définir des seuils permettant de désigner des centres d’excellence pour l’œsophagectomie. Toutefois, les organismes qui se sont prononcés sur la question au Canada, aux États-Unis et en Europe ont établi des seuils minimaux allant de 6 à 25 œsophagectomies par année.
- Sur le plan de l’organisation des services, l’effet bénéfique attribué au volume d’interventions par centre ou par chirurgien pourrait être étroitement lié à des caractéristiques organisationnelles des centres, comme la prise en charge des patients par une équipe multidisciplinaire, l’expertise des intervenants (oncologistes, anesthésistes, équipe de soins peropératoires et postopératoires, soins intensifs, etc.). Ces aspects organisationnels pourraient être liés à un volume élevé d’œsophagectomies par année.
L’œsophagectomie est une chirurgie complexe qui devrait être réservée aux centres à volume opératoire élevé et être pratiquée par des chirurgiens ayant une grande expérience dans ce type de chirurgie, voire une surspécialisation en chirurgie thoracique. Au Québec, les bases de données hospitalières devraient être exploitées pour comparer plus finement les taux de mortalité postopératoire relevés dans des hôpitaux ayant différents volumes d’œsophagectomies et tracer un portrait de la qualité des soins.
Ce rapport constitue le troisième document portant sur le traitement du cancer de l’œsophage. Deux autres volets, l’un sur la thérapie néoadjuvante et la chimioradiothérapie seule a été publié, et l’autre aborde l’efficacité des différentes techniques chirurgicales pour la résection du cancer de l’œsophage et de la jonction œsogastrique.