Extrait d'avis au ministre
Zilbrysq (myasthénie)
Nom du fabricant : UCB
Forme : Sol. Inj. S.C. (ser)
Teneur : 40 mg/ml (0,416 ml), 40 mg/ml (0,574 ml), 40 mg/ml (0,810 ml)
Indication : Myasthénie grave généralisée
Recommandation de l'INESSS
Refus d'inscription - Ensemble des aspects
Décision du Ministre
Surseoir à la décision (2025-02-05)
Évaluation publiée le 05 février 2025
Téléchargez l'Avis au ministre sur Zilbrysq (myasthénie)
La myasthénie grave (MG) est une maladie rare, causée par une anomalie du système immunitaire qui perturbe la communication entre les nerfs et les muscles, ce qui entraîne une faiblesse et une fatigue musculaire importantes. La présentation initiale la plus courante de la maladie est une faiblesse des muscles de l’œil et des paupières pouvant causer des problèmes visuels. La progression vers la myasthénie grave généralisée (MGg), impliquant les muscles de la tête, du cou, du tronc, des membres ou du système respiratoire, survient dans les 2 ans suivant l'apparition de la maladie chez la majorité des patients. Ces symptômes fluctuent au cours de la journée, mais certains patients peuvent avoir une atteinte persistante et des crises pouvant mener à des difficultés respiratoires ainsi qu’à des hospitalisations.
Actuellement, la prise en charge des patients atteints de cette maladie chronique repose sur la prévention des crises et la maîtrise des symptômes par des médicaments, dont des immunosuppresseurs. Malgré ces traitements, certaines personnes demeurent aux prises avec des symptômes qui complexifient leurs activités de la vie quotidienne. Ces patients sont considérés comme réfractaires (résistants) aux thérapies conventionnelles. Par ailleurs, plusieurs de ces médicaments peuvent causer des effets indésirables potentiellement graves lorsqu’ils sont administrés à long terme. En cas de crise ou lorsque les thérapies conventionnelles ne suffisent pas, les immunoglobulines peuvent être utilisées, mais il s’agit d’un produit dérivé du sang dont l'accès est limité.
Le zilucoplan (ZilbrysqMC) peut être donné aux patients atteints de MGg qui présentent des anticorps contre les récepteurs de l’acétylcholine. Il agit en réduisant les dommages causés par l’attaque du système immunitaire. Il s’administre par voie sous-cutanée à raison de 1 dose chaque jour.
L’évaluation de l’efficacité et des effets secondaires du zilucoplan repose sur une étude de bonne qualité durant laquelle le zilucoplan ou un placebo sont tous 2 administrés en ajout aux thérapies conventionnelles. Les résultats de cet essai montrent qu’après 3 mois de traitement, le zilucoplan est plus efficace que le placebo pour diminuer les symptômes de la MGg et améliorer la fonctionnalité des patients dans les activités de la vie quotidienne, mais son effet est toutefois modeste. De plus, le médicament est globalement bien toléré et des résultats à plus long terme indiquent que son efficacité semble se maintenir. L’INESSS juge que le zilucoplan pourrait combler en partie le besoin de santé des patients atteints de MGg qui présentent des symptômes malgré l’utilisation optimale des thérapies conventionnelles. Toutefois, il n’est pas en mesure de se prononcer sur l’efficacité comparative entre ce médicament et les immunoglobulines.
Le coût de traitement du zilucoplan est trop élevé, d’autant plus qu’il s’ajoute à celui des thérapies conventionnelles. De plus, ce coût additionnel important ne peut être justifié par les bienfaits cliniques modestes qu’il procure (c.-à-d. ses effets bénéfiques sur la durée et la qualité de vie des patients). De fait, le rapport entre son coût et son efficacité supérieure par rapport aux thérapies conventionnelles seules n’est pas favorable. Notons également que le rapport entre son coût et son efficacité par rapport aux immunoglobulines n’a pas pu être évalué.
De plus, l’INESSS estime que durant les 3 premières années, l’inscription du zilucoplan entraînerait des dépenses additionnelles d’environ 22,4 millions de dollars sur le budget de la RAMQ pour le traitement de 36 patients.
L’INESSS est conscient qu’il est important, pour les patients et leurs proches, d’avoir accès à différentes options de traitement pouvant réduire les symptômes, améliorer la qualité de vie et ayant peu d’effets secondaires. Dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. Dans ce contexte, puisque le coût de ZilbrysqMC est très élevé par rapport aux modestes bénéfices démontrés et qu’il engendre des coûts importants sur le système de santé, l’INESSS recommande au ministre de ne pas rembourser ZilbrysqMC pour le traitement des patients atteints de myasthénie grave généralisée qui sont réfractaires aux thérapies conventionnelles.