Extrait d'avis au ministre
Voydeya (HPN)
Nom du fabricant : Alexion
Forme : Trousse (orale solide)
Teneur : Dose de 150 mg : 50 & 100 mg (90 co.) & Dose de 200 mg : 100 mg (180 co.)
Indication : Traitement de l’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN)
Recommandation de l'INESSS
Inscription - Sous conditions
Décision du Ministre
Surseoir à la décision (2024-12-12)
Évaluation publiée le 07 novembre 2024
Téléchargez l'Avis au ministre sur Voydeya (HPN)
L’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN) est une maladie rare qui survient lorsque le corps produit des cellules du sang défectueuses, touchant notamment les globules rouges. Ces derniers sont formés sans certaines protéines qui les protègent de la destruction par un élément du système immunitaire appelé le complément. Cette destruction précipitée des globules rouges, nommée hémolyse, augmente les risques d’anémie, d’atteinte d’organes comme les reins et les poumons, et la formation de caillots potentiellement mortels.
Selon la sévérité de la maladie et la condition des personnes atteintes, celles-ci peuvent recevoir des antidouleurs, un traitement prévenant la formation des caillots ou des transfusions sanguines. Malgré ces traitements, certaines personnes demeurent aux prises avec des symptômes qui les rendent incapables d’accomplir leurs activités quotidiennes ou de travailler. Pour ces personnes, l’éculizumab (SolirisMC) et le ravulizumab (UltomirisMC) constituent le standard de soins actuel. Il s’agit de molécules qui empêchent l’action du complément et qui s’administrent par voie intraveineuse toutes les 2 semaines dans le cas de l’éculizumab et toutes les 8 semaines dans le cas du ravulizumab. Ils ont pour but de réduire l’hémolyse qui cause les symptômes invalidants. Le pegcétacoplan (EmpaveliMC) est un médicament de la même classe pharmacologique que l’éculizumab et le ravulizumab. Il empêche l’action d’une autre composante du système du complément que celle bloquée par ces 2 médicaments. Il s’administre par perfusion sous-cutanée, à domicile, 2 fois par semaine afin de réduire l’hémolyse chronique qui persiste malgré l’utilisation de l’éculizumab ou du ravulizumab.
Le danicopan est une molécule de la même classe pharmacologique, qui cible une autre composante du système du complément que celles bloquées par les 3 traitements précédents. Il s’administre par voie orale 3 fois par jour, pour réduire l’hémolyse qui persiste malgré l’utilisation de l’éculizumab ou du ravulizumab. Contrairement au pegcétacoplan qui s’administre seul, le danicopan doit être donné en ajout à l’éculizumab ou au ravulizumab.
L’évaluation de l’efficacité et des effets secondaires du danicopan repose sur une étude de bonne qualité réalisée sur des adultes dont la maladie n’est pas bien maîtrisée par l’éculizumab ou le ravulizumab. L’ensemble des données de cette étude indique notamment que le danicopan, en ajout à 1 de ces traitements, réduit l’anémie, diminue le recours aux transfusions sanguines et améliore la qualité de vie des patients de façon plus importante que l’éculizumab ou le ravulizumab seul. Le danicopan est généralement bien toléré; les maux de tête et l’élévation des enzymes du foie sont les effets secondaires le plus fréquemment observés. Une analyse additionnelle compare indirectement le danicopan en association avec l’éculizumab ou le ravulizumab au pegcétacoplan. Bien qu’incertains, les résultats de cette analyse semblent indiquer que l’efficacité à court terme de ces 2 traitements est somme toute similaire. En comparant naïvement les résultats à long terme de ces 2 traitements, le pegcétacoplan pourrait être associé à des événements d’hémolyse plus sévères et plus fréquents qu’avec le traitement associant le danicopan à l’éculizumab ou au ravulizumab. Le danicopan constitue une option thérapeutique supplémentaire pour le traitement de l’HPN qui n’est pas adéquatement maîtrisée par un traitement à l’éculizumab ou au ravulizumab.
Le coût de traitement par le danicopan en ajout à un inhibiteur du complément C5 est élevé. Il est supérieur à celui du pegcétacoplan. De plus, ce coût additionnel ne peut être justifié par les bienfaits cliniques qu’il procure (c.-à-d. ses effets bénéfiques sur la durée et la qualité de vie des patients). De fait, le rapport entre son coût et son efficacité par rapport au pegcétacoplan n’est pas favorable. L’INESSS estime que durant les 3 premières années, l’inscription du danicopan en ajout à un inhibiteur du complément C5 entraînerait des dépenses additionnelles inférieures à 10 millions de dollars sur le budget de la RAMQ.
L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patients et leurs proches, d’avoir accès à différentes options de traitement contrôlant les symptômes de la maladie et améliorant la qualité de vie. L’INESSS est sensible au contexte particulier des maladies rares pour lesquelles il est plus difficile de réaliser des études de bonne qualité. Cependant, dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande au ministre de rembourser VoydeyaMC pour le traitement de l’HPN chez les patients traités par un inhibiteur du complément C5 qui présentent une anémie résiduelle causée par l’hémolyse extravasculaire, à la condition que son utilisation soit encadrée et que le fabricant contribue à réduire le fardeau économique sur le système de santé.