Extrait d'avis au ministre

Leqembi (troubles cognitifs)

Dénomination commune / Sujet : lecanemab
Nom du fabricant : Eisai
Forme : Sol. Perf. I.V. (fiole)
Teneur : 100 mg/ml (2 ml), 100 mg/ml (5 ml)

Indication : Alzheimer ou démence légère de type Alzheimer

Recommandation de l'INESSS
Refus d'inscription - Valeur thérapeutique

Décision du Ministre
Ne pas inscrire aux listes des médicaments (2025-12-11)

Évaluation publiée le 11 décembre 2025

INESSSid: 23482
Recevable le 25 août 2025

Téléchargez l'Avis au ministre sur Leqembi (troubles cognitifs)

Extrait d'avis au ministre sur Leqembi 601 KiO

La maladie d'Alzheimer est une maladie hétérogène et complexe, qui altère progressivement et de façon irréversible les cellules du cerveau. Elle serait associée notamment à l’accumulation graduelle de plaques d’amas de protéines bêta-amyloïdes communément présentes dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ces plaques empêcheraient la communication entre les cellules cérébrales et provoqueraient ultimement leur mort et le déclin cognitif. La maladie d'Alzheimer est considérée comme un long processus dégénératif qui comporte plusieurs stades en fonction de la gravité des symptômes : 

  • Le stade préclinique (mémoire normale) souvent sans symptôme;
  • Le stade du trouble neurocognitif léger (TNCL) où les symptômes légers apparaissent, mais ne sont pas suffisamment importants pour altérer de façon significative le fonctionnement de la personne au quotidien;
  • Le stade de la démence où les symptômes et les atteintes cérébrales sont suffisamment graves pour perturber le fonctionnement dans les activités de la vie quotidienne. Cette démence peut être légère, modérée ou grave. 

Le déclin des fonctions cognitives dû à la maladie d'Alzheimer est extrêmement variable et change d'une personne à l'autre. Les symptômes comprennent généralement une perte de mémoire, de la capacité à communiquer, du jugement et du raisonnement, ainsi que des changements d'humeur et de comportement. Cette maladie irréversible est ultimement fatale et la mort survient généralement dans les 7 à 10 ans suivant le diagnostic.

Il n’existe pas de traitement pour guérir la maladie d'Alzheimer. Actuellement, les options de prise en charge sont limitées et reposent sur le traitement des symptômes de la démence légère à grave attribuable à la maladie d'Alzheimer. Le donépézil, la galantamine, la rivastigmine et la mémantine, sont les médicaments symptomatiques inscrits sur les listes en tant que médicaments d’exception. Toutefois, l’efficacité de ces médicaments est plutôt modeste et variable d’une personne à l’autre avec certains patients qui n’auront aucune réponse. En outre, ils n’empêchent pas la progression de la maladie et ne sont pas indiqués dans le traitement des personnes atteintes de TNCL. Les interventions non médicamenteuses comprennent entre autres la diète méditerranéenne, l'exercice physique et la thérapie de stimulation cognitive de groupe.

Le lecanemab (LeqembiMC) est un anticorps monoclonal humain qui élimine les plaques bêta-amyloïdes. Ce traitement s’adresse uniquement aux patients en phase précoce de la maladie et porteurs de dépôts amyloïdes confirmés. Il s’administre par voie intraveineuse à raison d’1 dose toutes les 2 semaines, en ajout aux autres traitements. Le lecanemab est approuvé de façon conditionnelle par Santé Canada pour le traitement du trouble cognitif léger ou de la démence légère dus à la maladie d’Alzheimer, spécialement chez les adultes non porteurs ou porteurs d’1 seule copie de l’allèle ε4 du gène de l’apolipoprotéine E (APOE). Cette approbation est conditionnelle, car en attente des résultats d’une étude confirmant le bénéfice clinique. Il est à noter que le lecanemab n’est pas approuvé pour le traitement des adultes porteurs de 2 copies d’APOE4 puisque le médicament avait une efficacité moindre et un profil d’effets indésirables plus défavorable chez ce sous-groupe de patients, lequel représentait environ 16 % des patients inclus dans l’essai clinique. 

Les gains observés avec le lecanemab sur le déclin cognitif et fonctionnel (par exemple, la mémoire, les soins personnels, le jugement) lors d’un essai clinique sont limités et inférieurs à ce qui est généralement considéré comme cliniquement significatif. De plus, il n’y a pas d’amélioration démontrée sur la qualité de vie. 

Une proportion significative de patients ayant reçu le traitement ont présenté des effets indésirables, dont des gonflements et des saignements au cerveau qui peuvent mener à des complications graves dans de rares cas. Ces risques nécessitent une surveillance régulière par imagerie cérébrale (imagerie par résonnance magnétique-IRM). 

En raison des incertitudes sur le plan de l’efficacité et des effets secondaires, il n’est pas certain que le lecanemab pourrait combler le besoin de santé pourtant jugé important. Des données additionnelles sont requises pour confirmer les bénéfices du médicament.

Puisque la valeur thérapeutique de LeqembiMC n’est pas reconnue, les 4 autres aspects prévus par la loi n’ont pas été évalués. Ceux-ci sont :

  • la justesse du prix;
  • le rapport entre le coût et l’efficacité du traitement;
  • les conséquences, sur la santé de la population et sur les autres composantes du système de santé, de l’inscription de ce médicament sur la liste;
  • l’opportunité de l’inscrire au regard de l’objet du régime général.

Il est à noter que lors des présents travaux, l’INESSS a également recensé des considérations d’intérêts associées au déploiement de nouveaux traitements médicamenteux de la maladie d’Alzheimer pour le système de santé, par exemple en ce qui concerne les répercussions sur les services de première ligne et ceux d’imagerie. Un État des connaissances sur le sujet a été publié dans le but d’informer les décideurs et différents acteurs du réseau de la santé.

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