Extrait d'avis au ministre

Le palbociclib (Ibrance^MC) est utilisé en association avec le fulvestrant (Faslodex^MC) pour traiter les femmes atteintes d’un cancer du sein à un stade avancé ou métastatique qui présente des récepteurs hormonaux et qui ne surexprime pas un type de récepteur appelé HER2. À ce stade de la maladie, la santé des patientes diminue rapidement et elles vivent habituellement moins de cinq ans. Les traitements pharmacologiques offerts visent à ralentir la progression de la maladie et à améliorer leur confort, mais aucun ne permet de guérir. Actuellement, les patientes dont le cancer a progressé durant ou après un traitement endocrinien reçoivent majoritairement de l’évérolimus (Afinitor^MC) en association avec l’exémestane (Aromasin^MC).

L’évaluation de l’efficacité et de l’innocuité du palbociclib, associé au fulvestrant, repose sur une étude de bonne qualité dans laquelle il est comparé au fulvestrant seul. Les résultats obtenus montrent que l’ajout du palbociclib au fulvestrant retarde la progression de la maladie de 5,4 mois, sans toutefois démontrer qu’il prolonge la vie. Les effets indésirables observés avec le palbociclib sont principalement hématologiques, c’est-à-dire au niveau des globules blancs et rouges. Il est à noter que la qualité de vie des patientes ne semble pas se détériorer de façon plus importante avec l’association palbociclib/fulvestrant, qu’avec le fulvestrant seul. Le palbociclib donné avec le fulvestrant comblerait un besoin de santé à ce stade de la maladie.

Le coût de traitement du palbociclib en association avec le fulvestrant est supérieur à celui de l’association évérolimus/exémestane. De plus, étant donné que l’efficacité relative (les effets réels sur la durée de vie et la qualité de vie) entre ces associations est inconnue, le rapport entre son coût et son efficacité n'a pu être évalué adéquatement. De fait, l’INESSS ne peut dire avec certitude si son coût additionnel est justifié. Par ailleurs, il est estimé qu’au cours des trois premières années suivant le remboursement du palbociclib en association avec le fulvestrant, des dépenses additionnelles d’environ 5,4 millions de dollars seraient générées sur le budget de la RAMQ pour le traitement de 309 patientes.

L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patientes et leurs proches, de retarder la progression de la maladie et de conserver une bonne qualité de vie, et ce, le plus longtemps possible. Dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande à la ministre de rembourser le palbociclib en association avec le fulvestrant à la condition que son utilisation soit encadrée par une indication reconnue, que le fulvestrant soit aussi inscrit sur les listes et que le fabricant participe à l’atténuation du fardeau économique.