Extrait d'avis au ministre

Fosrenol

Dénomination commune / Sujet : Lanthane hydraté
Nom du fabricant : Shire
Forme : Comprimé croquable
Teneur : 250 mg, 500 mg, 750 mg et 1 000 mg

Indication : Hyperphosphorémie lors d'insuffisance rénale chronique

Recommandation de l'INESSS
Ajout aux listes de médicaments – Médicament d'exception

Décision du Ministre
Information actuellement non disponible en ligne

Evaluation publiée le 01 février 2009

Description du médicament

Le lanthane est un chélateur du phosphore ne contenant pas de calcium ni d’aluminium, indiqué pour traiter l’hyperphosphorémie chez des individus dialysés atteints d’insuffisance rénale chronique terminale. D'autres chélateurs du phosphore sont déjà inscrits sur les listes de médicaments : le carbonate de calcium, l'hydroxyde d'aluminium et les médicaments d’exception sévélamer (RenagelMC) et gluconate/glucoheptonate de calcium.

Valeur thérapeutique

En juin 2007, les résultats d’études comparant le pouvoir chélateur du lanthane à celui du carbonate de calcium (Hutchison 2005, Hutchison 2006) ont permis au Conseil de conclure à la valeur thérapeutique du lanthane. Cependant, considérant l’accumulation du lanthane dans les os, le Conseil était préoccupé par l’innocuité à long terme. De plus, il jugeait que l’usage concomitant du lanthane utilisé comme traitement d’appoint au carbonate de calcium devait être documenté. Par ailleurs, le Conseil déplorait l’absence de données comparant le lanthane avec un autre médicament qui se positionne également en deuxième intention, tel que le sévélamer.

Dans le cadre de cette réévaluation, le Conseil a analysé deux nouvelles études. La première (Hutchison 2008) est un essai clinique ouvert qui fait état du maintien de l’efficacité du lanthane à long terme, la période d’évaluation couvrant jusqu’à six ans de traitement sans apparition de nouveaux effets indésirables. La seconde (Bronner 2008) présente notamment les résultats de biopsies osseuses prélevées sur des individus ayant été exposés au lanthane dans le cadre d’études d’une durée maximale de cinq ans. Ces nouvelles données d’innocuité à long terme sont rassurantes, mais des incertitudes persistent quant à l’effet du lanthane sur les os. Le Conseil a également eu accès à des données non publiées satisfaisantes, qui comparent le pouvoir chélateur du lanthane à celui d’un autre traitement chélateur non calcique utilisé en deuxième intention.

Les données comparatives avec un chélateur non calcique ont permis au Conseil de mieux apprécier l’efficacité du lanthane, et de nouvelles données à long terme rassurent quant à son innocuité. Ces éléments additionnels s’ajoutent aux résultats qui avaient permis au Conseil de conclure positivement à la valeur thérapeutique du lanthane. Toutefois, le Conseil déplore l’absence de données documentant l’association du lanthane avec tout autre chélateur, calcique ou non calcique. Néanmoins, au regard de l’impact clinique du traitement au lanthane, bien que ce constat provienne d’une étude d’observation et non pas d’intervention, le Conseil reconnaît que les niveaux de phosphore et le produit phosphocalcique sont de bons marqueurs intermédiaires du risque de mortalité en présence d’insuffisance rénale chronique terminale (Block 2004). Pour toutes ces raisons, le Conseil maintient sa décision et reconnaît la valeur thérapeutique du lanthane pour le traitement de l’hyperphosphorémie chez des individus dialysés atteints d’insuffisance rénale chronique terminale.

Aspects économique et pharmacoéconomique

Le coût de traitement mensuel du lanthane se situe entre 93 $ et 370 $, selon la dose utilisée. Pour le carbonate de calcium, il est de l’ordre de 4 $ à 8 $ et pour le sévélamer, de 128 $ à 397 $.

Du point de vue pharmacoéconomique, considérant que l’ensemble des données disponibles suggère que le lanthane présente un bénéfice d’ampleur similaire à celui du sévélamer, les coûts de traitement ont été comparés. Aux doses nécessaires pour obtenir un effet semblable, le lanthane présente un coût légèrement inférieur à celui du sévélamer. Par conséquent, il s’agit d’une option coût-efficace pour le traitement de l’hyperphosphorémie, au même titre que le sévélamer. De plus, le lanthane présente un avantage quant au nombre de comprimés nécessaires à chaque prise, qui est moindre qu’avec le sévélamer. Le Conseil est d’avis que le lanthane satisfait aux critères économique et pharmacoéconomique pour une clientèle chez laquelle l’usage des sels de calcium est contre-indiqué, non toléré ou ne permet pas un contrôle optimal de l'hyperphosphorémie. Toutefois, il ne dispose pas de données pour conclure au point de vue pharmacoéconomique sur l’usage en concomitance de lanthane et de sévélamer.

Conclusion

En tenant compte de l’ensemble des critères prévus à la Loi, le Conseil a recommandé l’inscription de FosrenolMC dans la section des médicaments d’exception des listes. L’indication reconnue est la suivante :

  • comme chélateur du phosphore chez les personnes en insuffisance rénale grave lorsqu'un sel de calcium est contre-indiqué, non toléré ou ne permet pas un contrôle optimal de l'hyperphosphorémie.

    Il est à noter que le lanthane hydraté ne sera pas autorisé de façon concomitante avec le sévélamer.

Principales références utilisées

BlockGA, Klassen PS, Lazarus JM, et coll. Mineral Metabolism, Mortality, and Morbidity in Maintenance Hemodialysis. J Am Soc Nephrol 2004; 15: 2208-18.

Bronner F, Slepchenko B, Pennick M, et coll. A model of the kinetics of lanthanum in human bone, using data collected during the clinical development of the phosphate binder lanthanum carbonate. Clin Pharmacokinet 2008; 47(8): 543-52.

Hutchison AJ, Maes B, Vanwalleghem J, et coll. Efficacy, Tolerability, and Safety of Lanthanum Carbonate in Hyperphosphatemia: A 6-Month, Randomized, Comparative Trial versus Calcium Carbonate. Nephron Clin Pract 2005; 100: c8-19.

Hutchison AJ, Maes B, Vanwalleghem J, et coll. Long-Term Efficacy and Tolerability of Lanthanum Carbonate: Results from a 3-Year Study. Nephron Clin Pract 2006; 102: c61-71.

Hutchison AJ, Barnett E, Krause R, et coll. Long-term efficacy and safety profile of lanthanum carbonate: results for up to 6 years of treatment. Nephron Clin Pract 2008; 110: c15-23.

Note : D’autres références, publiées ou non publiées, ont été consultées.

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