Extrait d'avis au ministre

Eprex

Dénomination commune / Sujet : Époétine alfa
Nom du fabricant : J.O.I.
Forme :
Teneur :

Indication : Anémie

Recommandation de l'INESSS
Modification d’une indication reconnue par le Conseil – Médicament d’exception

Décision du Ministre
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Evaluation publiée le 01 octobre 2009

Description du médicament

La darbépoétine alfa et l’époétine alfa sont des protéines qui stimulent l'érythropoïèse selon le même mécanisme que l’érythropoïétine endogène. Spécifiquement pour le domaine oncologique, AranespMC et EprexMC sont indiqués pour le traitement de l'anémie induite par la chimiothérapie. Le Conseil a entrepris une réévaluation de la classe des agents stimulant l’érythropoïèse (ASE) à la suite de publications récentes portant principalement sur leur innocuité.

Valeur thérapeutique

Les modifications apportées aux monographies d’AranespMC et d’EprexMC sont à l’effet que les ASE ne sont pas indiqués pour les personnes qui reçoivent des agents hormonaux, des produits thérapeutiques biologiques ou une radiothérapie, sauf en cas de chimiothérapie myélosuppressive concomitante. Des conseils additionnels ont également été ajoutés : les ASE ne doivent pas être instaurés si le taux d’hémoglobine est supérieur ou égal à 100 g/l et ils doivent être arrêtés à la fin de la cure de chimiothérapie.

Ces changements donnent suite aux résultats préoccupants de plusieurs études. Concernant les limites appliquées au regard de la radiothérapie seule, elles sont basées notamment sur l’évaluation des études ENHANCE (Henke 2003) et DAHANCA 10 (non publiée, présentée à l’European Cancer Conference 2007). Il s’agit d’essais cliniques contrôlés avec placebo. L’étude ENHANCE évalue l’effet de l’époétine bêta tandis que l’étude DAHANCA 10 évalue la darbépoétine alfa. Elles ont été réalisées chez des personnes atteintes d’un carcinome épidermoïde de la tête ou du cou traité avec de la radiothérapie seule. Les résultats de ces études démontrent un effet négatif des ASE sur le contrôle locorégional de la tumeur.

Récemment, deux méta-analyses ont été publiées (Bohlius 2009 et Tonelli 2009). Les résultats démontrent que les ASE augmentent le risque de décès chez l’ensemble des patients traités ou non par la chimiothérapie. Cependant, ce risque n’est pas statistiquement significatif chez les sujets recevant de la chimiothérapie. Tonelli rapporte que le risque de décès est plus élevé chez les personnes ne recevant pas de chimiothérapie. Ce sous-groupe de patients inclut les personnes traitées avec la radiothérapie seule.

En conclusion, le principal constat de ces études est que l’usage des ASE chez les patients cancéreux qui ne reçoivent pas de chimiothérapie, y compris ceux traités uniquement avec la radiothérapie, peut avoir un impact négatif sur le contrôle tumoral, voire sur la survie. C’est pourquoi le Conseil est d’avis de retirer la portion de l’indication reconnue qui permet le remboursement des ASE chez les personnes recevant de la radiothérapie seule. Les personnes traitées avec la radiothérapie associée à la chimiothérapie continueront d’être couvertes. Par ailleurs, une modification sera également apportée à l’indication reconnue pour que l’autorisation de l’ASE soit en vigueur tant que la chimiothérapie se poursuit.

Aspects économique et pharmacoéconomique

Le coût mensuel du traitement de l’anémie associée à la chimiothérapie varie entre 1 600 $ et 3 600 $ avec l’un ou l’autre des agents stimulant l’érythropoïèse.

Au point de vue pharmacoéconomique, les modifications apportées aux indications reconnues ne modifient pas les conclusions du Conseil au regard de l’efficience de ces produits chez les populations visées.

Conclusion

En tenant compte de l’ensemble des critères prévus à la Loi, le Conseil a recommandé la modification des indications reconnues d’AranespMC et d’EprexMC comme suit :

  • pour le traitement de l’anémie non hémolytique chronique et symptomatique non causée par une carence en fer, en acide folique ou en vitamine B12 :

    • chez les personnes présentant une tumeur non myéloïde traitées avec de la chimiothérapie ou de la radiothérapie et dont le taux d’hémoglobine est inférieur à 100 g/l;

    • chez les personnes non cancéreuses dont le taux d’hémoglobine est inférieur à 100 g/l (concerne l’époétine alfa seulement).

      La durée maximale de l’autorisation initiale est de 3 mois. Lors de la demande pour la poursuite du traitement, le médecin devra fournir la preuve d’un effet bénéfique défini par une augmentation de la numération des réticulocytes d’au moins 40 x 109/l ou une augmentation de la mesure de l’hémoglobine d’au moins 10 g/l. Un taux d’hémoglobine inférieur à 120 g/l devrait être visé. L’autorisation peut être en vigueur jusqu’à 12 semaines après la cessation de la chimiothérapie ou de la radiothérapie, le cas échéant.

Principales références utilisées

Bohlius J, Schmidlin K, Brillant C, et coll. Recombinant human erythropoiesis-stimulating agents and mortality in patients with cancer: a meta-analysis of randomised trials. Lancet 2009; 373: 1532-42.

Henke M, Lazig R, Rübe C, et coll. Erythropoietin to treat head and neck cancer patients with anaemia undergoing radiotherapy: randomised, double-blind, placebo-controlled trial. Lancet 2003; 362: 1255-60.

Overgaard J, Hoff C, Hansen S, et coll. Randomized study of the importance of novel erythropoiesis stimulating protein (Aranesp) for the effect of radiotherapy in patients with primary squamous cell carcinoma of the head and neck – the Danish Head and Neck Cancer Group DAHANCA 10. Eur J Cancer 2007; 5 (suppl 6): 7 (abstract).

Tonelli M, Hemmelgarn B, Reiman T, et coll. Benefits and harms of erythropoiesis-stimulating agents for anemia related to cancer: a meta-analysis. CMAJ [Published Online 2009 Apr. 30], DOI:10.1503/cmaj.090470.

Note : D’autres références, publiées ou non publiées, ont été consultées.

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