Extrait d'avis au ministre
Elahere (Cancer ovaire, trompe de Fallope, péritonéal résistants aux platines)
Nom du fabricant : AbbVie
Forme : Sol. Perf. I.V. (fiole)
Teneur : 5 mg/ml (20 ml)
Indication : Cancer de l’ovaire, Cancer de la trompe de Fallope, Cancer péritonéal primaire résistant aux platines
Recommandation de l'INESSS
Refus d'inscription - Ensemble des aspects
Décision du Ministre
À venir
Évaluation publiée le 03 décembre 2025
INESSSid: 26586
Recevable le 31 mars 2025
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Le cancer de l’ovaire, le cancer de la trompe de Fallope et le cancer péritonéal primaire (cancer qui touche le péritoine) sont souvent détectés à un stade avancé, évoluent rapidement et sont traités de la même façon. Des chimiothérapies à base de médicaments appelés sels de platines sont offerts, en plus d’une chirurgie lorsque cela est possible, mais il arrive fréquemment que la maladie progresse dans un court délai malgré ces traitements. La maladie est alors considérée comme étant résistante aux sels de platine. Dans ce cas, les seules options de traitement indiquées actuellement sont d’autres chimiothérapies comme le paclitaxel, la doxorubicine liposomale ou le topotécan. Pour les patientes qui se présentent avec une complication du cancer, soit une accumulation de liquide dans l’abdomen, la chimiothérapie est parfois combinée avec un autre médicament, le bevacizumab. Les réponses sont toutefois de courtes durées et la survie attendue est d’environ 1 an avec ces traitements.
Le mirvétuximab soravtansine (ElahereMC) est un médicament utilisé pour traiter le cancer de l’ovaire, le cancer de la trompe de Fallope et le cancer péritonéal primaire lorsque la maladie est considérée comme étant résistante aux sels de platine et que les cellules cancéreuses présentent une caractéristique particulière nommée « expression du récepteur alpha du folate (FRα) ».
L’évaluation de l’efficacité et des effets secondaires du mirvétuximab soravtansine repose sur une étude de bonne qualité. Les résultats montrent que, comparativement à la chimiothérapie, le mirvétuximab soravtansine retarde la progression de la maladie, augmente les taux de réponse et prolonge la vie. Les bénéfices sont toutefois d’ampleur modeste, avec un retard de progression de la maladie de moins de 2 mois et une prolongation de la vie d’environ 4 mois. L’utilisation du mirvétuximab soravtansine est associée à des effets secondaires particuliers, comme des effets au niveau des yeux, des nerfs et des poumons. Ceux-ci peuvent toutefois être pris en charge par les cliniciens, notamment en réduisant les doses du mirvétuximab soravtansine. Une analyse additionnelle compare indirectement le mirvétuximab soravtansine à la combinaison chimiothérapie/bevacizumab, association utilisée actuellement lorsque les patientes présentent une accumulation de liquide dans l’abdomen. Les résultats de cette analyse suggèrent que l’efficacité de ces 2 traitements ne semble pas se distinguer. Les effets secondaires surviennent aussi souvent, mais leur type est différent. Le mirvétuximab soravtansine représente une nouvelle option à ce stade de la maladie et pourrait répondre partiellement à un besoin de santé.
La façon d’administrer le mirvétuximab soravtansine est comparable aux chimiothérapies actuellement offertes, soit par perfusion intraveineuse en clinique externe d’oncologie. Des suivis réguliers avec l’équipe traitante sont requis. De plus, en comparaison aux autres traitements administrés à ce stade de la maladie, un examen de base des yeux, puis des suivis au besoin avec un ophtalmologiste ou un optométriste sont nécessaires.
Afin de repérer les patientes admissibles au mirvétuximab soravtansine, le test de détection du FRα devrait être offert dans les laboratoires québécois, car ce test n’est pas réalisé actuellement dans la pratique clinique.
Le coût de traitement du mirvétuximab soravtansine est trop élevé. Il est de beaucoup supérieur à celui de la chimiothérapie, et ce coût additionnel ne peut être justifié par les bienfaits cliniques qu’il procure (c.-à-d. ses effets bénéfiques sur la durée et la qualité de vie des patients). De fait, le rapport entre son coût et son efficacité supérieure par rapport à la chimiothérapie n’est pas favorable. Il est également supérieur à celui de l’association chimiothérapie/bevacizumab, et ce, pour des bénéfices de santé présumés globalement comparables.
L’INESSS estime que durant les 3 premières années, l’inscription du mirvétuximab soravtansine entraînerait des dépenses additionnelles d’environ 31 millions de dollars sur le budget des établissements de santé pour le traitement de 169 patientes.
L’INESSS est conscient qu’il est important, pour les patientes et leurs proches, d’avoir accès à différentes options de traitement pouvant retarder la progression de la maladie, prolonger la vie et maintenir une bonne qualité de vie. Dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. Dans ce contexte, puisque le coût de ElahereMC est très élevé par rapport aux bénéfices démontrés et qu’il engendre des coûts importants sur le budget des établissements de santé, l’INESSS recommande au ministre de ne pas rembourser ElahereMC.