Extrait d'avis au ministre

Dexilant

Dénomination commune / Sujet : Dexlansoprazole
Nom du fabricant : Takeda
Forme : Capsule longue action
Teneur : 30 mg et 60 mg

Indication : Oesophagite érosive – Reflux gastro-œsophagien

Recommandation de l'INESSS
Avis de refus – Aspects économique et pharmacoéconomique

Décision du Ministre
Information actuellement non disponible en ligne

Evaluation publiée le 01 février 2011

Description du médicament

Le dexlansoprazole est l’énantiomère principal du lansoprazole, un inhibiteur de la pompe à protons (IPP). Cette inhibition permet de diminuer la sécrétion d’acide gastrique. DexilantMC est indiqué « pour la guérison de l’œsophagite érosive, le traitement d’entretien de l’œsophagite érosive, les symptômes de reflux gastro-œsophagien non érosif ». Il s’agit du premier IPP à double libération retardée. Plusieurs IPP sont inscrits sur les listes de médicaments.

Valeur thérapeutique

Traitement de l’œsophagite érosive

L’étude de Sharma (2009) est composée de deux essais au devis identique, randomisés, à double insu, de non-infériorité. Le but de l’étude est de comparer l’efficacité et l’innocuité du dexlansoprazole 60 mg et 90 mg à celles du lansoprazole 30 mg pendant 8 semaines chez 4 092 sujets. La gravité de l’érosion est évaluée à partir du système de classification Los Angeles (grades A à D). Les résultats montrent :

  • pour la 1re étude, une guérison complète chez 92,3 % des personnes recevant le dexlansoprazole 60 mg, 92,2 % de celles recevant le dexlansoprazole 90 mg et 86,1% de celles recevant le lansoprazole 30 mg;
  • pour la 2e étude, une guérison complète chez 93,1% des personnes recevant le dexlansoprazole 60 mg, 94,9 % de celles recevant le dexlansoprazole 90 mg et 91,5% de celles recevant le lansoprazole 30 mg;
  • pour les deux études, une guérison complète des cas graves (grade C ou grade D) chez 88,2% des personnes recevant le dexlansoprazole 60 mg, 88,9 % de celles recevant le dexlansoprazole 90 mg et 81,5 % de celles recevant le lansoprazole.

L’ensemble des données démontre que la non-infériorité est atteinte pour les deux doses. Toutefois, les résultats de la deuxième étude, contrairement à ceux de la première, ne démontrent pas la supériorité du dexlansoprazole 60 mg. On ne peut donc conclure à cette dernière. Le profil d’effets indésirables du dexlansoprazole est semblable à celui du lansoprazole.

Traitement de maintien de l’œsophagite érosive

L’étude de Metz (2009) est un essai randomisé, à double insu contre placebo d’une durée de six mois. L’objectif de l’étude est d’évaluer, chez 445 sujets ayant obtenu une guérison complète confirmée par endoscopie, l’efficacité et l’innocuité du dexlansoprazole 30 mg et 60 mg en traitement de maintien. Les résultats montrent que :

  • la guérison est maintenue chez 74,9 % des personnes recevant le dexlansoprazole 30 mg (p < 0,00001), 82,5 % de celles recevant le dexlansoprazole 60 mg (p < 0,00001) et 27,2 % de celles recevant le placebo;
  • la guérison est maintenue pour les cas graves (grade C ou grade D) chez 63 % des personnes recevant le dexlansoprazole 30 mg (p < 0,0025), 85 % de celles recevant le dexlansoprazole 60 mg (p < 0,0025) et 15 % de celles recevant le placebo.

Les doses de dexlansoprazole 30 mg et 60 mg démontrent une efficacité semblable statistiquement. Toutefois, un écart de 22 % est observé entre ces doses pour les cas graves. Cette différence n’est pas statistiquement significative, probablement en raison du manque de puissance de l’étude.

Traitement du reflux gastro-œsophagien sans érosion

L’étude de Fass (2009) est un essai randomisé, à double insu, contrôlé avec un placebo. L’objectif de l’étude est d’évaluer, chez 947 sujets, l’efficacité et l’innocuité du dexlansoprazole 30 mg et 60 mg pour contrôler les symptômes de reflux. À quatre semaines, les résultats montrent que :

  • le pourcentage médian de jours (24 heures) sans symptôme de reflux est de 54,9 % chez les personnes recevant le dexlansoprazole 30 mg, de 50 % chez celles recevant le dexlansoprazole 60 mg et de 18,5 % chez celles recevant le placebo (p < 0,00001);
  • le pourcentage médian de nuits sans symptôme de reflux est de 80,8 % chez les personnes recevant le dexlansoprazole 30 mg, de 76,9 % chez celles recevant le dexlansoprazole 60 mg et de 51,7 % chez celles recevant le placebo (p < 0,00001).

La méthodologie est jugée adéquate et les résultats reconnus malgré la courte durée de l’étude. Le dexlansoprazole a également diminué la gravité des symptômes. Aucune différence statistiquement significative n’est observée entre le groupe recevant le dexlansoprazole 30 mg et celui recevant le dexlansoprazole 60 mg.

L’ensemble de ces données démontre que le dexlansoprazole est non inférieur au lansoprazole pour guérir l’œsophagite érosive. Le dexlansoprazole est également plus efficace qu’un placebo pour le maintien du traitement de l’œsophagite érosive ainsi que pour contrôler les symptômes causés par le reflux gastro-œsophagien sans érosion. Le Conseil aurait souhaité la présence d’un comparateur actif pour ces deux dernières indications. Toutefois, comme l’œsophagite érosive représente une condition plus difficile à traiter, le Conseil considère qu’il est raisonnable, dans ce cas, de reconnaître la valeur thérapeutique pour l’ensemble des conditions évaluées. De plus, selon l’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS), les IPP à doses équivalentes sont d’efficacité semblable pour traiter l’œsophagite et maintenir sa guérison ainsi que pour traiter les symptômes de reflux gastro-œsophagien. 

Aspects économique et pharmacoéconomique

Le dexlansoprazole, aux teneurs de 30 mg et 60 mg, est soumis à un coût inférieur à celui de la plupart des autres IPP innovateurs. Comparativement au coût mensuel de tous les génériques inscrits (10 $ - 30 $), celui du dexlansoprazole est plus élevé.

Du point de vue pharmacoéconomique, le Conseil juge que, à efficacité équivalente, l’option la plus coût-efficace des IPP est la version générique du rabéprazole, qui est offerte à un coût unitaire de 0,65 $. Compte tenu de l’ensemble des données cliniques et pharmacoéconomiques disponibles, ce choix de comparateur s’avère, aux yeux du Conseil, le plus pertinent dans le contexte des IPP. Le dexlansoprazole est offert à un coût de traitement supérieur. Sur cette base, le coût unitaire des deux teneurs du dexlansoprazole est jugé trop élevé. Ainsi, le médicament ne satisfait pas aux critères économique et pharmacoéconomique.

Conclusion

En tenant compte de l’ensemble des critères prévus à la Loi, le Conseil a recommandé de ne pas inscrire DexilantMC sur les listes de médicaments, car il ne satisfait pas aux critères économique et pharmacoéconomique.

 

Principales références utilisées

Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS). Evidence for IPP use in gastroesophageal reflux disease, dyspepsia and peptic ulcer disease: Scientific Report 2007;1(2):61-72.

Fass R, Chey WD, Zakko SF, et coll. Clinical trial: the effects of the proton pump inhibitor dexlansoprazole MR on daytime and nighttime heartburn in patients with non-erosive reflux disease. Aliment Pharmacol Ther 2009;29(12):1261-72.

Metz DC, Howden CW, Perez MC, et coll. Clinical trial: dexlansoprazole MR, a proton pump inhibitor with dual delayed-release technology, effectively controls symptoms and prevents relapse in patients with healed erosive oesophagitis. Aliment Pharmacol Ther 2009;29(7):742-54.

Sharma P, Shaheen NJ, Perez MC, et coll. Clinical trials: healing of erosive oesophagitis with dexlansoprazole MR, a proton pump inhibitor with a novel dual delayed-release formulation – results from two randomized controlled studies. Aliment Pharmacol Ther 2009;29(7):731-41.

Note : D’autres références, publiées ou non publiées, ont été consultées.

 

Abonnez-vous à notre infolettre dès maintenant

Abonnement