Extrait d'avis au ministre
Amivas-Artesunate (paludisme)
Nom du fabricant : Phebra
Forme : Trousse (Pd. Inj. I.V.)
Teneur : 110 mg - 12 ml
Indication : Paludisme grave
Recommandation de l'INESSS
Inscription - Sous conditions
Décision du Ministre
À venir
Évaluation publiée le 29 octobre 2025
Téléchargez l'Avis au ministre sur Amivas-Artesunate (paludisme)
Le paludisme, aussi appelé malaria, est une maladie causée par un parasite qui est présent principalement dans les régions chaudes comme l’Afrique et l’Asie. Il est transmis aux humains par les piqûres de moustiques qui en sont infectés. Le risque d’attraper le paludisme dans une zone à risque varie entre autres selon la région et la saison, en plus d’évoluer en raison des changements climatiques. Les voyageurs peuvent grandement réduire leur risque de contracter le paludisme en utilisant des mesures de prévention des piqûres et en prenant des médicaments préventifs avant, pendant et après les séjours dans des régions à risque. Malgré ces mesures, les personnes ayant séjourné dans ces endroits et ayant été piqué par un moustique infecté peuvent développer la maladie, parfois jusqu’à plusieurs mois après leur retour au Canada. Le parasite se multiplie alors entre autres dans les globules rouges, causant leur éclatement. Les 1ers signes de l’infection sont le plus souvent de la fièvre, des frissons, de l’anémie et parfois des vomissements. Lorsqu’elle n’est pas traitée, la maladie évolue rapidement et cause des complications pouvant être mortelles. Au Canada, le paludisme est une maladie à déclaration obligatoire. Près de 450 cas y sont déclarés annuellement, dont certains sont qualifiés de graves.
Le paludisme grave, dont le diagnostic repose sur des critères microscopiques et cliniques reconnus, nécessite une hospitalisation et un traitement urgent. Le traitement initial recommandé au Canada est l’artésunate ou, en remplacement, la quinine, qui sont administrés par voie intraveineuse (I.V.). Dès que l’état du patient est stabilisé et que la prise d’un médicament par la bouche est possible, le traitement doit ensuite être poursuivi avec d’autres médicaments administrés oralement afin de prévenir un retour de la maladie.
L’artésunate (Amivas-ArtesunateMC) est un médicament qui empêche la croissance du parasite responsable du paludisme lorsqu’il se développe dans les globules rouges et le détruit. Il s’administre par voie I.V. toutes les 12 heures pour au moins 3 doses. Par la suite, le traitement est administré à raison d’une dose toutes les 24 heures, jusqu’à ce qu’il soit possible de poursuivre avec la thérapie orale, ou jusqu’à un total de 7 doses. Bien qu’il n’ait été commercialisé au Canada que récemment, l’artésunate était accessible depuis plusieurs années par le biais du Programme d’accès spécial (PAS) de Santé Canada par l’entremise du Réseau canadien sur le paludisme.
Deux études de qualité acceptable, réalisées en Afrique et en Asie, ont montré une diminution de la mortalité chez les patients atteints de paludisme grave et traités initialement avec l’artésunate comparativement à ceux traités avec la quinine, tous deux par voie I.V ou intramusculaire. Ces résultats ont conduit l’Organisation mondiale de la santé à recommander l’artésunate comme traitement de 1re ligne du paludisme grave depuis 2010. Les résultats d’études évaluant l’efficacité de l’artésunate dans les pays où les cas de paludisme sont rares ne permettent toutefois pas de conclure quant aux bénéfices de l’artésunate par rapport à ceux de la quinine sur la mortalité, notamment en raison du faible nombre de décès observé dans ces contextes. Ils suggèrent toutefois une diminution du temps d’hospitalisation aux soins intensifs de 1 à 2 journées avec l’artésunate, comparativement à la quinine. De plus, sa facilité d’administration, sa rapidité d’action et son profil de sécurité sont des avantages notables de l’artésunate comparativement à la quinine. Ainsi, bien que les données extrapolables en contexte québécois soient limitées, l’INESSS juge important de permettre l’accès à l’artésunate aux patients atteints de paludisme grave, considérant que la sévérité de la maladie et le profil favorable de l’artésunate justifient son utilisation lorsqu’une prise en charge urgente est nécessaire.
Le coût de traitement de l’artésunate est élevé. D’ailleurs, comparativement à la quinine, le rapport entre les coûts et les bienfaits cliniques que l’artésunate procure (c.-à-d. ses effets bénéfiques sur la durée et la qualité de vie des patients) n’est pas favorable. Il est toutefois à noter que la quinine n’est actuellement pas disponible au Québec. Les résultats doivent donc être interprétés avec prudence. De plus, l’INESSS estime que durant les 3 premières années, le remboursement de l’artésunate entraînerait des dépenses additionnelles inférieures à 10 millions de dollars sur le budget des établissements de santé.
Jusqu’à tout récemment, l’artésunate était accessible par le PAS de Santé Canada, ce qui impliquait des contraintes administratives importantes, notamment en matière de demande, d’approvisionnement et de distribution. Un accès facilité à ce médicament pourrait permettre de diminuer les délais de traitement.
L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patients et leurs proches, d’avoir accès à une option de traitement efficace pour limiter le risque de mortalité associé au paludisme grave. L’INESSS est sensible au contexte particulier entourant certaines maladies infectieuses peu fréquentes localement, mais largement répandues à l’échelle mondiale, et pour lesquelles il peut être plus difficile de disposer d’études de haute qualité menées dans des conditions comparables à celles attendues au Canada. Cependant, dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande au ministre de rembourser Amivas-ArtesunateMC pour le traitement du paludisme grave à la condition que le fabricant contribue à réduire le fardeau économique sur le système de santé.
 
		