Phase de rétablissement à la pandémie pour les personnes avec des problèmes de santé mentale ou des troubles mentaux

CONSTATS DE L’INESSS (08-05-2020)

Basé sur la documentation disponible au moment de sa rédaction, malgré l’incertitude existante dans cette documentation et dans la démarche utilisée, l’INESSS met en lumière les constats suivants :

  • De récents travaux de l’INESSS et de plusieurs instances ont souligné le fait que la pandémie va engendrer de nouvelles demandes de services psychosociaux et de santé mentale parmi la population générale et parmi le personnel soignant.
    • Bien que dans la plupart des cas, les problèmes présentés seront passagers, certaines données indiquent que la pandémie à la COVID-19 est susceptible d’engendrer des séquelles sévères et persistantes sur la santé mentale de certains individus. En effet, des chercheurs ont observé une augmentation de personnes présentant des symptômes psychotiques alors qu’elles n’avaient pas d’antécédents psychiatriques connus avant la pandémie.
  • Une augmentation des symptômes et des épisodes psychotiques chez les personnes ayant des troubles mentaux préexistants a été observée, entrainant une augmentation des hospitalisations psychiatriques. La littérature recensée recommande d’intensifier les services auprès de cette clientèle pendant la phase du rétablissement, notamment par :
    • de l’éducation psychologique sur les précautions à prendre pour préserver sa santé mentale et physique;
    • des interventions en ligne guidées par un thérapeute en alternance avec des traitements en présentiel;
    • des services en ligne permettant d’effectuer les changements de traitements pharmacologiques, d’effectuer les suivis auprès des patients vivant dans la communauté et de communiquer avec leurs proches aidants ou autres personnes dans leur entourage.
  • Des données recueillies auprès de personnes infectées par la COVID-19 indiquent que la très grande majorité d’entre-elles est susceptible de présenter des réactions de stress post-traumatiques cliniquement significatifs. De plus, des présentations atypiques sur le plan neurologique et neuropsychiatrique seraient à prévoir ainsi que des complications neurocognitives principalement chez les personnes âgées.
    • La littérature recensée recommande la mise en place d’une offre de services spécifiquement dédiée aux personnes infectées par la COVID-19, incluant notamment du soutien et du suivi à distance; de la thérapie cognitivo-comportementale et des thérapies centrées sur le trauma, de même que des interventions visant à contrer la stigmatisation vécue par les personnes infectées, leur famille et proches aidants.
  • L’ampleur des besoins de services, à court et long terme, pour les personnes infectées à la COVID-19 et les personnes ayant des troubles mentaux préexistants, ainsi que pour leur famille et proches aidants, à la suite de la pandémie actuelle n’est pas encore connue pour le Québec. Ceci justifie l’importance du monitorage de l’état psychologique de ces personnes pendant la phase de rétablissement.
  • En définitive, les services de santé mentale à distance et ceux faisant appel à des technologies innovantes ont avantage à être maintenus, intensifiés et déployés pendant la phase de rétablissement et après la pandémie, ceci pour favoriser l’accès aux services. La reprise graduelle des services psychosociaux et de santé mentale délestés pendant la crise pandémique devra être revue et ajustée en fonction des besoins existants et émergents.
  • Enfin, les leçons apprises lors de pandémies d’influenza antérieures permettent de mettre en relief les éléments suivants :
    • l’importance d’intégrer les besoins en lien à la santé mentale dans la planification et la réponse à une pandémie;
    • l’importance d’adapter les messages de santé publique aux capacités variées des personnes ayant un trouble de santé mentale;
    • la nécessité de préparer la population à l’arrivée des futurs traitements et vaccins pour en favoriser l’acceptation;
    • l’obligation de respecter les principes d’équité tout en priorisant les personnes ayant un trouble de santé mentale qui sont desservies dans la communauté, celles sous autorisation judiciaire de soins, ainsi que les proches aidants et membres des équipes œuvrant auprès de ces personnes, lorsqu’un vaccin sera rendu disponible.

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