Extrait d'avis au ministre

Welireg (Hippel-Lindau)

Dénomination commune / Sujet : belzutifan
Nom du fabricant : Merck
Forme : Co.
Teneur : 40 mg

Indication : Pour le traitement de l’adénocarcinome rénal (AR) non métastatique, des hémangioblastomes du système nerveux central (HB du SNC) ou des tumeurs neuroendocrines pancréatiques (TNEP) non métastatiques
associés à la maladie de von Hippel-Lindau (VHL), chez les personnes qui n’ont pas besoin de subir d’intervention chirurgicale pour ces tumeurs dans l’immédiat

Recommandation de l'INESSS
Inscription – Avec conditions

Décision du Ministre
Inscrire aux listes des médicaments - Médicament d'exception (2024-09-26)
Surseoir à la décision (2023-11-08)

Évaluation publiée le 01 novembre 2023

Téléchargez l'Avis au ministre sur Welireg (Hippel-Lindau)

Extrait de l'avis au ministre sur Welireg 695 KiO

Test compagnon de Welireg 242 KiO

La maladie de von Hippel-Lindau (VHL) est une maladie rare qui est causée par une mutation du gène VHL. Les personnes atteintes de cette maladie développent plusieurs tumeurs cancéreuses au cours de leur vie. Ces tumeurs peuvent toucher différents organes, dont les reins, le pancréas, la moelle épinière et le cerveau. La plupart du temps, ces tumeurs surviennent pour la 1re fois vers l’âge de 30 à 40 ans. Au fur et à mesure qu’elles progressent, elles risquent de se propager à d’autres organes ou d’atteindre une taille importante, ce qui peut causer des symptômes en raison de la compression. Lorsqu’une personne atteinte de la maladie de VHL développe 1 ou plusieurs tumeurs, aucun médicament n’est offert actuellement au Québec pour empêcher leur progression. Une fois qu’elles sont détectées, elles sont donc surveillées régulièrement à l’aide d’examens d’imagerie. Lorsqu’elles grossissent trop rapidement, qu’elles atteignent une certaine taille ou qu’elles commencent à causer des symptômes, les tumeurs sont la plupart du temps retirées par chirurgie pour éviter les complications. Par contre, les chirurgies ne guérissent pas les patients atteints de la maladie. Au fil du temps, ils vont continuer de développer d’autres tumeurs à répétition. Au cours de leur vie, plusieurs patients vont subir de multiples chirurgies. Cela a un impact important sur leur qualité de vie et celle de leurs proches. De plus, les chirurgies répétées peuvent parfois entraîner des complications, comme une perte de fonction des reins ou un diabète. Finalement, malgré la prise en charge de la maladie par chirurgie, certains patients ne peuvent pas être opérés en raison de leur condition de santé et d’autres vont tout de même décéder en raison de leur maladie.

Le belzutifan (WeliregMC) est un médicament qui bloque le processus de formation et de croissance des tumeurs chez les patients qui ont une mutation du gène VHL. Il est indiqué pour le traitement de certaines tumeurs non métastatiques associées à la maladie de VHL au niveau du rein (adénocarcinome rénal), de la moelle épinière ou du cerveau (hémangioblastomes du système nerveux central) et du pancréas (tumeurs neuroendocrines pancréatiques). Le but du traitement par belzutifan est d’empêcher la progression des tumeurs et de diminuer le nombre de chirurgies subies par les patients pour améliorer leur qualité de vie. Il s’administre 1 fois par jour par voie orale.

L’évaluation repose sur une étude de faible qualité dans laquelle l’efficacité et les effets secondaires du belzutifan n’ont pas été comparés à ceux de patients qui ne reçoivent pas de médicament pour traiter leur maladie. Les résultats montrent qu’une réduction de la taille de la tumeur a été observée et que cet effet semble durer plusieurs mois, voire quelques années. Peu de chirurgies ont été réalisées pendant la période de suivi de l’étude. Cependant, le nombre de chirurgies qui auraient été réalisées sous surveillance active pour des patients avec les mêmes caractéristiques est inconnu. De plus, certains facteurs ont pu influencer le nombre de chirurgies réalisées en cours d’étude et plusieurs limites font qu’il n’est pas certain que le belzutifan puisse réduire la fréquence et le nombre de chirurgies durant toute la vie des patients, ou qu’il ne fasse que les retarder. Afin de comparer la fréquence des chirurgies à long terme sous belzutifan par rapport à la surveillance active, une comparaison indirecte a également été évaluée. Les limites relevées lors de son analyse n’ont pas permis à l’INESSS d’affirmer que le belzutifan réduirait les chirurgies durant toute la vie des patients. Les effets secondaires associés au belzutifan semblent acceptables, selon les cliniciens consultés, mais certains effets doivent être surveillés, comme la baisse du nombre de globules rouges (anémie) et du niveau d’oxygène (hypoxie). Les effets secondaires à long terme sont inconnus, puisque le suivi actuel de l’étude n’est que d’environ 3 ans. Malgré cela, le belzutifan représente une option dans le traitement des tumeurs associées à la maladie de VHL pour les patients qui souhaitent maximiser leurs chances de retarder les chirurgies ou pour ralentir la progression de la maladie chez ceux qui n’y sont pas admissibles.

Le coût de traitement du belzutifan est très élevé. De plus, comparativement à la surveillance active, le rapport entre son coût et son efficacité (effets sur la durée et la qualité de vie des patients) ne peut être évalué avec précision, en raison d’une importante incertitude entourant l’ampleur et le maintien de son bénéfice clinique. L’INESSS estime que durant les 3 premières années, l’inscription du belzutifan entraînerait des dépenses additionnelles inférieures à 10 millions de dollars sur le budget de la RAMQ; il n’a donc pas réalisé d’analyse d’impact budgétaire.

Avant de commencer un traitement au belzutifan, la présence d’une mutation du gène VHL doit être confirmée à l’aide d’un test sanguin. Présentement, ce test n'étant pas offert au Québec, les échantillons de sang doivent être envoyés à l’extérieur de la province, et il doit être prescrit par un généticien. Un accès prioritaire à la prescription de ce test devra être mis en place pour éviter les retards de traitement que pourraient entraîner les délais de consultation en génétique.

L’INESSS est sensible au contexte particulier des maladies rares pour lesquelles il est plus difficile de réaliser des études de bonne qualité. Il est conscient de l’importance, pour les patients et leurs proches, de retarder la progression de la maladie et les chirurgies associées et de conserver une bonne qualité de vie. Dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande au ministre de rembourser WeliregMC à la condition que son utilisation soit encadrée, que le fabricant contribue à réduire le fardeau économique sur le système de santé et que le test compagnon nécessaire au diagnostic de la maladie soit plus accessible.

 

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