Extrait d'avis au ministre
Nexavar
Nom du fabricant : Bayer
Forme : Comprimé
Teneur : 200 mg
Indication : Carcinome hépatocellulaire avancé
Recommandation de l'INESSS
Avis de refus – Aspects économique et pharmacoéconomique
Décision du Ministre
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Évaluation publiée le 26 novembre 2008
Description du médicament
Le sorafenib est un inhibiteur de plusieurs protéines kinases qui s’administre oralement. Son double mode d’action permet l’inhibition de l’angiogenèse et de la prolifération des cellules tumorales. Santé Canada a émis un avis de conformité pour NexavarMC concernant le traitement des sujets atteints d’un carcinome hépatocellulaire non résécable.
Valeur thérapeutique
L’étude SHARP (Llovet 2008) est un essai randomisé ayant pour but d’évaluer l’efficacité et l’innocuité du sorafenib en comparaison avec un placebo comme traitement du carcinome hépatocellulaire avancé. Les sujets inclus à l’étude ne sont pas admissibles à un traitement chirurgical ou locorégional. De plus, ils présentent un bon état général (ECOG ≤ 2) et une fonction hépatique préservée (stade Child Pugh A). La survie médiane globale observée avec l’utilisation du sorafenib est de 10,7 mois comparativement à 7,9 mois avec le placebo (p < 0,001). Toutefois, aucune différence significative n’est notée entre les deux traitements en ce qui a trait au délai avant progression symptomatique de la maladie. Ceci peut laisser croire que ce médicament pourrait avoir un impact marginal sur la qualité de vie. L’évaluation des données non publiées concernant la qualité de vie des sujets de l’étude SHARP n’a cependant pas permis de tirer des conclusions claires sur ce point car les résultats présentés ne sont que partiels, ils sont fondés sur un faible nombre de sujets et aucune comparaison statistique n’est fournie.
En résumé, les résultats de cette étude démontrent que l’utilisation du sorafenib procure un gain sur la survie d’environ trois mois comparativement au placebo chez les individus atteints d’un carcinome hépatocellulaire avancé non résécable qui présentent un bon état général et une fonction hépatique conservée. Bien que l’ampleur de ce gain soit modeste, il constitue une avancée importante chez ces personnes pour qui aucun autre traitement n’est disponible. L’impact de ce médicament sur la qualité de vie des individus est cependant peu documenté. Dans un contexte de traitement à visée palliative, il est important de connaître cette donnée afin de mieux apprécier les bénéfices. La qualité de vie, déjà réduite, des individus traités avec ce médicament ne semble cependant pas différente de celle observée dans le groupe sous placebo. Le Conseil reconnaît donc la valeur thérapeutique du sorafenib dans cette indication. Par ailleurs, il est difficile d’étendre ces résultats aux personnes présentant une maladie plus avancée (Child Pugh B ou C, ECOG > 3, etc.) en raison des différences de pronostic entre les stades et de l’absence de donnée chez cette population.
Aspects économique et pharmacoéconomique
Le coût quotidien d’un traitement avec le sorafenib, à raison de 400 mg deux fois par jour, est de 175 $. Sur la base de la durée médiane de traitement observée dans l’étude SHARP (5 mois), l’utilisation du sorafenib entraînerait des coûts de 26 250 $ par individu.
Au point de vue pharmacoéconomique, le coût par année de vie gagnée avec le sorafenib, en comparaison avec les meilleurs soins de soutien, est très élevé. De plus, des éléments clés de l’analyse pourraient vraisemblablement affecter négativement et significativement l’efficience du médicament. Notamment, l’incertitude en lien avec le gain réel possible à long terme sur la survie globale et le délai avant la progression symptomatique de la maladie. Aussi, le ratio coût-efficacité est affecté à la hausse lorsque l’on considère la qualité de vie diminuée des patients atteints d’un carcinome hépatocellulaire. Conséquemment, à la lumière des données disponibles, le ratio coût-utilité du sorafenib est jugé trop élevé. Ainsi, le Conseil est d’avis que le médicament ne rencontre pas les critères économique et pharmacoéconomique.
Considérations particulières
Pour les individus atteints d’un carcinome hépatocellulaire le pronostic est sombre. Dans la plupart des cas, le cancer est diagnostiqué à un stade avancé de la maladie et la survie médiane est de 6 mois à 20 mois approximativement. Jusqu’à l’arrivée du sorafenib, aucune option thérapeutique n’était disponible pour les personnes non admissibles à un traitement chirurgical ou locorégional, ou en échec de l’un de ces traitements. Bien que ce médicament prolonge la survie globale de ces personnes, le Conseil déplore qu’on ne connaisse pas bien actuellement l’impact de ce traitement sur la qualité de vie.
Conclusion
En conséquence, en tenant compte de l’ensemble des critères prévus à la Loi, le Conseil a recommandé de ne pas inscrire NexavarMC sur les listes de médicaments puisqu’il ne rencontre pas les critères économique et pharmacoéconomique.
Principales références utilisées
Llovet JM, Ricci S, Mazzaferro V, et coll. Sorafenib in advanced hepatocellular carcinoma. N Engl J Med 2008; 359: 378-90.
Note : D’autres références publiées ou non publiées ont été consultées.