Extrait d'avis au ministre

Lutrepulse

Dénomination commune / Sujet : Gonadoréline
Nom du fabricant : Ferring
Forme : Poudre injectable
Teneur : 0,8 mg

Indication : Procréation assistée

Recommandation de l'INESSS
Ajout aux listes de médicaments – Médicament d'exception

Décision du Ministre
Information actuellement non disponible en ligne

Évaluation publiée le 05 août 2010

Description du médicament

La gonadoréline est un analogue synthétique de la gonadolibérine (GnRH ou LHRH), hormone jouant un rôle essentiel dans le développement des fonctions reproductrices. Elle est indiquée pour l’induction de l’ovulation chez les femmes atteintes d’aménorrhée hypothalamique primaire. Cette condition médicale est très rare. La gonadoréline s’administre par voie intraveineuse ou sous-cutanée chez des femmes présentant une déficience en GnRH comme observée dans le syndrome d’hypogonadisme hypogonadotrophique. Les gonadotrophines humaines comme MenopurMC ou RepronexMC peuvent également être utilisées pour traiter cette condition.

Valeur thérapeutique

L’étude rétrospective de Christin-Maitre (2007) a été réalisée dans le but d’évaluer l’efficacité de la gonadoréline chez des femmes souffrant d’hypogonadisme hypogonadotrophique. Les données analysées portent sur 829 cycles de traitement administrés chez 248 femmes. Les principaux résultats sont les suivants :

  • le pourcentage de grossesses observé par cycle de traitement est de 25 %;
  • les grossesses ont été menées à terme dans 91,8 % des cas;
  • des grossesses multiples ont été observées chez 8,8 % des femmes;
  • aucun cas d’hyperstimulation ovarienne grave n’a été rapporté.

Les résultats de cette étude indiquent que l’administration de gonadoréline apporte, chez une grande proportion de femmes, des bénéfices cliniques sur le plan des grossesses dont l’évolution est favorable. Les grossesses obtenues sont de durée normale et le poids des bébés est également normal. De plus, le risque d’hyperstimulation ovarienne ou de grossesse multiple ne semble pas augmenter avec l’utilisation de ce médicament comparativement à ce qui est généralement observé avec les autres thérapies utilisées.

L’étude rétrospective de Martin (1993) a pour objectif de comparer l’efficacité de la gonadoréline aux gonadotrophines humaines. Les dossiers de 71 femmes présentant une aménorrhée hypogonadotrophique ont été analysés. Les principaux constats sont les suivants :

  • le pourcentage de grossesses chimiques (documenté par un test hCG positif) par cycle de traitement chez les femmes recevant la gonadoréline est de 29 % comparativement à un taux de 25 % chez celles recevant les gonadotrophines humaines;
  • le risque de grossesse multiple tend à être plus faible lorsque la gonadoréline est utilisée (8,3 %) comparativement aux gonadotrophines humaines (14,8 %). 

Aucune différence statistiquement significative n’est constatée au regard de ces résultats. L‘efficacité entre la gonadoréline et les gonadotrophines humaines peut donc être jugée semblable.

Le Conseil déplore l’absence d’essais randomisés et contrôlés pour lui permettre d’évaluer la valeur thérapeutique de ce médicament. L’hypogonadisme hypogonadotrophique est une condition très rare, ce qui pourrait expliquer cette situation. Bien que le niveau de preuve des études rétrospectives soit plus faible que celui des études randomisées et contrôlées, les informations fournies par ces études peuvent présenter une validité intéressante, notamment lorsqu’elles portent sur un nombre important de sujets. Dans le cas présent, pour une condition présentant une incidence faible, le Conseil est d’avis que les études rétrospectives évaluées présentent un niveau de preuve satisfaisant pour apprécier les bénéfices cliniques apportés par cette thérapie puisqu’elles incluent un nombre important de sujets. Ainsi, il juge que l’utilisation de la gonadoréline apporte des bénéfices cliniques chez les femmes ayant un diagnostic d’hypogonadisme hypogonadotrophique. Elle permet à ces dernières de rétablir leur fertilité sans augmenter le risque d’hyperstimulation ovarienne ou de grossesse multiple comparativement à ce qui est généralement observé avec les autres thérapies utilisées. On ne connaît toutefois pas l’effet de cette thérapie chez les hommes souffrant de cette condition médicale et chez les femmes présentant des problèmes d’infertilité liés à d’autres causes. La valeur thérapeutique de la gonadoréline est donc reconnue par le Conseil pour le traitement des femmes présentant un diagnostic d’hypogonadisme hypogonadotrophique.

Aspects économique et pharmacoéconomique

Le prix d’une fiole de poudre injectable contenant 0,8 mg de gonadoréline est de 115 $. L’administration à l’aide d’une pompe de 5 MCg à 20 MCg toutes les 90 minutes entraîne un coût de traitement de 230 $ à 575 $ pour une durée de 12 jours. En comparaison avec l’administration de gonadotrophines humaines comme RepronexMC ou MenopurMC, ces coûts sont moins élevés même en considérant le coût de préparation et de location de la pompe.

Du point de vue pharmacoéconomique, en procédant à une analyse coût-conséquences, le Conseil a identifié diverses considérations économiques liées à l’usage de la gonadoréline comparativement à l’administration d’une gonadotrophine humaine, associée ou non à une choriogonadotropine alpha. Ainsi, chez la femme atteinte d’un hypogonadisme hypogonadotrophique, la gonadoréline nécessite moins de visites médicales, d’échographies et de prises de sang, n’entraîne pas d’hyperstimulation ovarienne grave et pourrait occasionner moins de grossesses multiples. Par contre, elle requiert l’usage d’une pompe. Puisque le coût de traitement par cycle de la gonadoréline est moindre que celui des autres traitements médicamenteux et que le bilan des coûts en soins de santé est en sa faveur, le Conseil considère que LutrepulseMC représente une stratégie coût-efficace comparativement aux autres options de traitement chez cette clientèle. Ainsi, le Conseil juge que LutrepulseMC satisfait aux critères économique et pharmacoéconomique.

Conclusion

En conséquence, en tenant compte de l’ensemble des critères prévus à la Loi, le Conseil a recommandé d’inscrire LutrepulseMC à la section des médicaments d’exception des listes de médicament selon l’indication reconnue suivante :

  • chez la femme atteinte d’hypogonadisme hypogonadotrophique;

Principales références utilisées

Christin-Maitre S, de Crécy S et le groupe français des pompes à GnRH. Grossesses obtenues par administration pulsatile de GnRH : résultats d’une large étude rétrospective multicentrique. J Gynecol Obstet Biol Reprod 2007; 36: 8-12.

Martin KA, Hall JE, Adams JM, et coll. Comparison of exogenous gonadotropins and pulsatile gonadotropin-releasing hormone for induction of ovulation in hypogonadotropic amerrhea. J Clin Endocrinol Metab 1993; 77(10): 125-9.

Note : D’autres références, publiées ou non publiées, ont été consultées.

 

Abonnez-vous à notre infolettre dès maintenant

Abonnement