Extrait d'avis au ministre

Keytruda (cancer endomètre-monothérapie)

Dénomination commune / Sujet : pembrolizumab
Nom du fabricant : Merck
Forme : Sol. Perf. I.V.
Teneur : 25 mg/ml (4 ml)

Indication : En monothérapie pour le traitement des patients adultes atteints d’un cancer de l’endomètre


Recommandation de l'INESSS
Inscription - Avec conditions

Décision du Ministre
Ajouter une indication reconnue à la liste des médicaments-Établissements-Médicament d'exception (2023-02-01)
Surseoir à la décision (2022-11-09)

Evaluation publiée le 02 novembre 2022

Téléchargez l'Avis au ministre sur Keytruda (cancer endomètre-monothérapie)

Recommandation de l'INESSS 543 KiO

Le cancer de l’endomètre est le cancer gynécologique le plus fréquent. La plupart du temps, ce cancer est diagnostiqué à un stade précoce et peut être guéri par les traitements actuels. Plus rarement, le diagnostic peut être établi à un stade avancé. Une récidive de la maladie est également possible. Le traitement de la maladie au stade avancé ou récidivant consiste en une combinaison de différentes approches. Elles incluent une chirurgie, des médicaments (chimiothérapie ou hormonothérapie) ou de la radiothérapie. La chimiothérapie initiale est une association de carboplatine (médicament de la classe des sels de platine) et de paclitaxel. Lorsque la maladie progresse après ce traitement, l’espérance de vie des patientes diminue grandement. Les médicaments offerts visent alors à ralentir la progression de la maladie et à améliorer le confort des patientes, mais ils ne peuvent pas la guérir. Auparavant, diverses chimiothérapies ou, plus rarement, une hormonothérapie étaient administrées à ce stade de la maladie. Le pembrolizumab (KeytrudaMC) est actuellement offert à ces patientes (grâce à des mesures exceptionnelles) dans les hôpitaux, bien que l’INESSS n’ait pas encore évalué formellement ce médicament pour le cancer de l’endomètre. Le pembrolizumab faisant maintenant l’objet d’une demande officielle du fabricant pour cette indication, l’Institut procède à son évaluation.

Le pembrolizumab est une immunothérapie administrée par injection intraveineuse. Le pembrolizumab peut être donné aux patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre au stade avancé qui a évolué après une chimiothérapie et qui ne peut être traité d'aucune autre manière acceptable. De plus, la tumeur doit présenter l’une des 2 anomalies génétiques suivantes : un taux de mutation élevé dans les tumeurs ou une déficience du système de réparation de l’ADN. Ces dernières surviennent dans environ 15 à 40 % des cas selon les caractéristiques de la maladie. Comme les autres médicaments administrés au même stade, le pembrolizumab vise à diminuer la taille des lésions et à contrôler la maladie. Ce médicament a obtenu une approbation conditionnelle de Santé Canada en attendant les résultats d’études permettant de confirmer son bénéfice clinique.

L’évaluation de l’efficacité et des effets indésirables du pembrolizumab repose sur une étude de faible qualité, notamment parce qu’il n’est pas comparé à un autre traitement. Néanmoins, les résultats suggèrent que ce traitement entraîne une réduction de la taille de la tumeur chez près de la moitié des patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre. De plus, près de 70 % des patientes étaient encore en vie après 12 mois. Une comparaison indirecte montre également un bénéfice d’efficacité du pembrolizumab comparativement aux chimiothérapies, notamment pour prolonger la vie des femmes atteintes d’un cancer de l’endomètre. Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés concernant le pembrolizumab comprennent les démangeaisons, la fatigue et les diarrhées. Il est à noter que l’innocuité du pembrolizumab a déjà été évaluée dans de nombreuses études comparatives auparavant.

Bien que le coût de traitement par le pembrolizumab soit élevé comparativement à celui de la chimiothérapie, les analyses effectuées suggèrent que le rapport entre son coût et son efficacité (effets sur la durée et la qualité de vie des patients) est favorable. L’INESSS estime que durant les 3 premières années, le pembrolizumab entraînerait des dépenses additionnelles d’environ 8,5 M$ sur le budget du système de santé pour le traitement de 136 patientes.

L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patientes et leurs proches, de réduire le fardeau de la maladie et de prolonger la vie. Dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande au ministre d’ajouter une indication reconnue à KeytrudaMC à la condition que son utilisation soit encadrée.

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