Extrait d'avis au ministre

Jemperli (cancer endomètre)

Dénomination commune / Sujet : dostarlimab
Nom du fabricant : GSK
Forme : Sol. Perf. I.V. (fiole)
Teneur : 50 mg/ml (10 ml)

Indication : Cancer de l'endomètre avancé ou récidivant

Recommandation de l'INESSS
Modification d'une indication reconnue - Sous conditions

Décision du Ministre
À venir

Évaluation publiée le 04 juin 2025

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Extrait d'avis au ministre sur Jemperli 697 KiO

Le cancer de l’endomètre est le cancer gynécologique le plus fréquent. La plupart du temps, ce cancer est diagnostiqué à un stade précoce et peut être guéri par les traitements actuels. Plus rarement, le diagnostic est établi à un stade avancé. Une récidive de la maladie est également possible. Le traitement de la maladie de stade avancé ou récidivante consiste en une combinaison de différentes approches. Elles incluent la chirurgie, des médicaments (chimiothérapie ou hormonothérapie) ou de la radiothérapie. La chimiothérapie initiale est une association de carboplatine et de paclitaxel. Lorsque la maladie progresse après ce traitement, l’espérance de vie des patientes diminue grandement. Les médicaments offerts visent alors à ralentir la progression de la maladie et à améliorer le confort des patientes, mais ils ne peuvent pas la guérir.

Le dostarlimab (JemperliMC) est une immunothérapie qui induit l’activation du système immunitaire du patient et lui permet d’attaquer le cancer. Il s’administre par voie intraveineuse en ajout à la chimiothérapie associant le carboplatine et le paclitaxel utilisée comme 1er traitement du cancer de l’endomètre avancé ou récidivant. Il vise à ralentir la progression de la maladie et à prolonger la vie tout en conservant la qualité de vie du patient. L’INESSS a déjà évalué ce médicament chez les personnes dont le cancer a une déficience de l’un des systèmes de réparation de l’ADN (instabilité microsatellitaire élevée ou à une déficience du système de réparation des mésappariements - IMS-E/dSRM). La présente évaluation vise à élargir la population admissible au traitement.

L’évaluation de l’efficacité et des effets secondaires du dostarlimab repose sur une étude de bonne qualité qui compare l’ajout de ce médicament ou d’un placebo à la chimiothérapie carboplatine/paclitaxel autant dans la population IMS-E/dSRM que dans la sous-population ayant un système de réparation de l’ADN fonctionnel (microsatellites stables) ou un système compétent de réparation des mésappariements – MSS/cSRM –, caractéristiques de la tumeur qui peuvent influencer l’efficacité du dostarlimab. Les résultats montrent que ce médicament retarde la progression de la maladie et prolonge la vie des patientes, par rapport au placebo. Cependant, les bénéfices cliniques de l’association avec le dostarlimab dans la population concernée par l'élargissement de l'indication semblent moins importants que dans celle pour laquelle l'indication déjà été évaluée. Globalement, l’ajout du dostarlimab à la combinaison carboplatine/paclitaxel entraîne un peu plus d’effets secondaires, notamment d’ordre immunologique (par exemple, de l’hypothyroïdie, des éruptions cutanées et des douleurs articulaires). L’ajout du dostarlimab à la chimiothérapie ne semble pas détériorer la qualité de vie des patientes. 

Le coût de traitement du dostarlimab est élevé et vient s’ajouter à celui de la chimiothérapie. De plus, ce coût additionnel ne peut être justifié par les bienfaits cliniques qu’il procure (c.-à-d. ses effets bénéfiques sur la durée et la qualité de vie des patients). De fait, le rapport entre son coût et son efficacité supérieure par rapport à la chimiothérapie seule n’est pas favorable. Ce rapport est d’autant plus défavorable pour la sous-population MSS/cSRM, pour laquelle les bienfaits du traitement sont moindres. De plus, l’INESSS estime que durant les 3 premières années, l’inscription du dostarlimab entraînerait des dépenses additionnelles d’environ 77 millions de dollars sur le budget des établissements de santé pour le traitement de 499 patientes. Les dépenses additionnelles propres à la sous-population MSS/cSRM sont d’environ 42 millions de dollars pour le traitement de 292 patientes.

Par ailleurs, en raison des modalités d’administration du traitement, le dostarlimab entraînerait une augmentation des ressources nécessaires en ce qui a trait à son administration et au suivi des personnes traitées pour un cancer de l’endomètre avancé ou récidivant. Actuellement, aucun traitement d’entretien n’est administré après le traitement standard composé de 6 cycles de 21 jours de carboplatine/paclitaxel. Cependant, le traitement par le dostarlimab prévoit, après les 6 cycles de dostarlimab/carboplatine/paclitaxel, un traitement d’entretien par le dostarlimab seul jusqu’à ce que la maladie progresse ou récidive, et ce, pendant un maximum de 3 ans. 

L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patientes et leurs proches, de retarder la progression de la maladie et de prolonger la vie. Cependant, dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande au ministre de modifier l’indication reconnue de JemperliMC pour le traitement du cancer de l’endomètre avancé ou récidivant à la condition que son utilisation soit encadrée et que le fabricant contribue à réduire le fardeau économique sur le système de santé.

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