Extrait d'avis au ministre
Jemperli (cancer endomètre)
Nom du fabricant : GSK
Forme : Sol. Perf. I.V.
Teneur : 50 mg/ml (10 ml)
Indication : Pour le traitement du cancer de l’endomètre (CE) avancé ou récidivant associé à une instabilité microsatellitaire élevée ou à une déficience du système de réparation des mésappariements (IMS-E/dSRM)
Recommandation de l'INESSS
Inscription – Avec conditions
Décision du Ministre
Inscrire à la Liste des médicaments – Établissements (2025-03-06)
Surseoir à la décision (2024-07-04)
Évaluation publiée le 03 juillet 2024
Téléchargez l'Avis au ministre sur Jemperli (cancer endomètre)
Le cancer de l’endomètre est le cancer gynécologique le plus fréquent. La plupart du temps, ce cancer est diagnostiqué à un stade précoce et peut être guéri par les traitements actuels. Plus rarement, le diagnostic est établi à un stade avancé. Une récidive de la maladie est également possible. Le traitement de la maladie de stade avancé ou récidivante consiste en une combinaison de différentes approches. Elles incluent la chirurgie, des médicaments (chimiothérapie ou hormonothérapie) ou de la radiothérapie. La chimiothérapie initiale est une association de carboplatine et de paclitaxel. Lorsque la maladie progresse après ce traitement, l’espérance de vie des patientes diminue grandement. Les médicaments offerts visent alors à ralentir la progression de la maladie et à améliorer le confort des patientes, mais ils ne peuvent pas la guérir.
Le dostarlimab (JemperliMC) est une immunothérapie administrée par injection intraveineuse. Ce médicament peut être donné aux personnes atteintes d’un cancer de l’endomètre avancé ou récidivant. Pour recevoir ce médicament, la tumeur doit présenter 1 des 2 anomalies génétiques suivantes : un nombre de mutations élevé dans la tumeur ou une déficience du système de réparation de l’ADN. Ces anomalies surviennent dans environ 15 à 40 % des cas, selon les caractéristiques de la maladie.
L’évaluation de l’efficacité et des effets secondaires du dostarlimab repose sur une étude de bonne qualité qui compare l’ajout de ce médicament ou d’un placebo à la chimiothérapie carboplatine/paclitaxel. Les résultats montrent que ce médicament entraîne une réduction du risque de progression de la maladie ou de décès et qu’il prolonge la vie des patientes, par rapport au placebo. Globalement, l’ajout du dostarlimab à la combinaison carboplatine/paclitaxel entraîne un peu plus d’effets secondaires, notamment d’ordre immunologique (par exemple, de l’hypothyroïdie, des éruptions cutanées et des douleurs articulaires). L’ajout du dostarlimab à la chimiothérapie ne semble pas détériorer la qualité de vie des patientes.
Le coût de traitement par l’association dostarlimab/carboplatine/paclitaxel est élevé et plus élevé que celui de l’association carboplatine/paclitaxel. Ces coûts additionnels ne peuvent être justifiés par les bienfaits cliniques qu’il procure (c.-à-d. ses effets bénéfiques sur la durée et la qualité de vie des patientes). Le rapport entre son coût additionnel et son efficacité incrémentale n’est donc pas favorable. L’INESSS estime que durant les 3 premières années, l’inscription de l’association dostarlimab/carboplatine/paclitaxel entraînerait des dépenses additionnelles d’environ 33 millions de dollars sur le budget du système de santé pour le traitement de 210 patientes.
Par ailleurs, en raison des modalités d’administration du traitement, le dostarlimab entraînerait une augmentation des ressources nécessaires en ce qui a trait à son administration et au suivi des personnes traitées pour un cancer de l’endomètre avancé ou récidivant. Actuellement, aucun traitement d’entretien n’est administré après le traitement standard composé de 6 cycles de carboplatine/paclitaxel. Cependant, le traitement par le dostarlimab prévoit, après les 6 cycles de dostarlimab/carboplatine/paclitaxel, un traitement d’entretien par le dostarlimab seul jusqu’à ce que la maladie progresse ou récidive, et ce, pendant un maximum de 3 ans. De surcroît, plus de rencontres seraient nécessaires pour le suivi des personnes recevant le dostarlimab en traitement d’entretien qu’actuellement, pendant la période sans traitement.
L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patientes et leurs proches, de retarder la progression de la maladie et de prolonger la vie. Cependant, dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande au ministre de rembourser JemperliMC pour le traitement du cancer de l’endomètre avancé ou récidivant à la condition que son utilisation soit encadrée et que le fabricant contribue à réduire le fardeau économique sur le système de santé.