Extrait d'avis au ministre

Firmagon

Dénomination commune / Sujet : Degarelix
Nom du fabricant : Ferring
Forme : Trousse
Teneur : 80 mg et 120 mg

Indication : Cancer de la prostate

Recommandation de l'INESSS
Avis de refus – Valeur thérapeutique

Décision du Ministre
Information actuellement non disponible en ligne

Evaluation publiée le 01 juin 2010

Description du médicament

Le degarelix est un antagoniste sélectif du récepteur de la gonadolibérine (GnRH) qui se fixe de façon compétitive et réversible aux récepteurs hypophysaires. Il entraîne ainsi une réduction rapide de la libération de l’hormone lutéinisante (LH) et de l’hormone folliculo-stimulante (FSH) et, par ricochet, de la sécrétion de testostérone par les testicules. Il est indiqué « pour la suppression de la testostérone chez les patients atteints d’un cancer avancé et hormono-dépendant de la prostate pour qui un traitement antiandrogène est indiqué ». Les autres traitements hormonaux inscrits sur les listes de médicaments sont les analogues synthétiques de la GnRH, en l’occurrence, la busereline (Suprefact DepotMC), le leuprolide (EligardMC et Lupron DepotMC), la goséréline (ZoladexMC) et la triptoréline (TrelstarMC).

Valeur thérapeutique

L’étude ouverte de non-infériorité de Klotz (2008) a pour objet de comparer l’efficacité et l’innocuité du degarelix en injection sous-cutanée à celles du leuprolide donné par voie intramusculaire, pour le traitement du cancer de la prostate. Il est à noter que seulement 49 % de la population inscrite à l’essai était au stade métastatique ou localement avancé de la maladie. L’administration quotidienne du bicalutamide pouvait être prescrite durant le premier mois de traitement avec le leuprolide, à la discrétion du chercheur; 11 % des sujets de ce groupe ont bénéficié de cette option pour contrer la sécrétion accrue de testostérone causée par les analogues synthétiques de la GnRH.

Les principaux résultats obtenus avec le degarelix, à la dose de maintien approuvée par Santé Canada (80 mg), sont les suivants :

  • le pourcentage de sujets ayant une testostéronémie ≤ 0,5 ng/ml après un an de traitement est semblable dans les deux groupes;
  • le pourcentage de sujets ayant une testostéronémie ≤ 0,5 ng/ml au jour 3 est de 96 % avec le degarelix contre 0 % pour le leuprolide. Ce n’est qu’après 28 jours que 100 % des personnes traitées avec le leuprolide ont atteint le niveau de testostérone attendu;
  • la diminution du taux d’antigènes spécifiques de la prostate (PSA) est supérieure avec le degarelix aux jours 14 et 28. Toutefois, dans le sous-groupe qui a reçu du leuprolide en association avec le bicalutamide, la réduction du taux de PSA a été aussi rapide et de même ampleur que celle observée avec le degarelix.

Concernant les effets indésirables, les réactions au site d’injection se produisent plus fréquemment avec le degarelix (40 % contre < 1 %), en raison probablement du volume important à injecter. De plus, la formation d’anticorps antidegarelix s’observe chez 10 % des patients après un an de traitement. Il n’y a cependant pas de données disponibles sur les répercussions de ces anticorps sur son efficacité et son innocuité.

Il appert que le degarelix ne cause pas de microélévations de testostérone après une injection comme le font les agonistes de la GnRH. Cependant, les opinions divergent concernant les bienfaits potentiels de cette différence. Ainsi, la signification clinique de ces microélévations reste encore à élucider. Il en est de même pour celle de la suppression androgénique très rapide obtenue avec le degarelix et de la suppression accrue de la FSH qu’il entraîne comparativement au leuprolide.

Actuellement, les agonistes de la GnRH représentent la seule option de castration chimique avec une efficacité thérapeutique démontrée semblable à celle de l’orchidectomie bilatérale au regard de la survie sans progression et de la survie. Leurs bienfaits thérapeutiques sont documentés sur plus d’un an d’usage. À ce jour, aucunes données de cette nature ne sont disponibles pour le degarelix. Toutefois, le Conseil a eu accès à une analyse post hoc non planifiée de l’étude de Klotz portant sur la survie sans progression, définie par le temps observé jusqu’à l’augmentation du PSA ou le décès. Elle révèle notamment que cette augmentation survient plus fréquemment avec le leuprolide durant la première année de traitement. Le Conseil ne peut prendre en compte ces résultats pour se prononcer sur l’effet à plus long terme du degarelix sur la morbidité et la mortalité liées au cancer de la prostate.

Au vu des données cliniques disponibles, le Conseil reconnaît la non-infériorité du degarelix comparativement au leuprolide quant à la suppression de la testostérone pendant un an. Cependant, la documentation étudiée ne permet pas de démontrer de bénéfices cliniques en lien avec les différences observées entre celui-ci et les agonistes de la GnRH ni de connaître son effet à plus long terme sur la survie sans progression et la survie globale. Pour l’instant, le Conseil ne peut donc pas reconnaître la valeur thérapeutique du degarelix pour le traitement du cancer de la prostate.

Conclusion

Le Conseil a recommandé de ne pas inscrire FirmagonMC sur les listes de médicaments, car il ne satisfait pas au critère de la valeur thérapeutique.

Principale référence utilisée

Klotz L, Boccon-Gibod L, Shore ND, et coll. The efficacy and safety of degarelix: A 12-month, comparative, randomized, open-label, parallel-group phase III study in patients with prostate cancer. BJU Int 2008; 102: 1531-8.

Note – D’autres références, publiées ou non publiées, ont été consultées.

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