Extrait d'avis au ministre
Epkinly (LGCB)
Nom du fabricant : Abbvie
Forme : Sol. Inj. S.C.
Teneur : 5 mg/ml (0,8 ml) et 60 mg/ml (0,8 ml)
Indication : Pour le traitement de 3e intention ou plus du lymphome à grandes
cellules B (LGCB) récidivant ou réfractaire (R/R)
Recommandation de l'INESSS
Inscription – Avec conditions
Décision du Ministre
Inscrire sur la liste des médicaments -Établissements - Médicament d'exception (2024-08-14)
Évaluation publiée le 12 juillet 2024
Téléchargez l'Avis au ministre sur Epkinly (LGCB)
Le lymphome à grandes cellules B (LGCB) est un cancer des ganglions. Il est considéré comme très agressif, car son évolution est rapide. L’âge au moment du diagnostic est d’environ 66 ans. Le traitement initial est le plus souvent une combinaison de médicaments anticancéreux (chimiothérapie). Celui-ci guérit environ 60 % des patients. En cas d’inefficacité, une 2e association de traitements, différente de la précédente, est alors administrée. Elle peut être suivie d’une greffe de cellules souches, dont le patient est le propre donneur, si l’état de la maladie et la condition du patient permettent de la recevoir.
L’epcoritamab (EpkinlyMC) est un médicament utilisé pour traiter le LGCB chez les patients qui ne peuvent recevoir une immunothérapie par cellules T à récepteur antigénique chimérique (CAR-T) ou qui ont déjà reçu une thérapie CAR-T et chez qui la maladie a évolué après au moins 2 traitements anticancéreux. Il s’agit d’un médicament de la classe des anticorps bispécifiques, qui s’administre par voie sous-cutanée.
L’évaluation de l’efficacité et des effets secondaires de l’epcoritamab repose sur 1 étude de faible qualité. Les résultats de l’étude montrent qu’environ 4 patients sur 10 ont une réponse complète au traitement, c’est-à-dire que la maladie n’est plus détectable. De plus, cette réponse semble durer plus longtemps que ce qui est généralement attendu à ce stade de la maladie. Toutefois, il est difficile d’apprécier l’ampleur de l’efficacité de l’epcoritamab, car ce traitement n’a pas été directement comparé à d’autres traitements administrés au même stade de la maladie. Les résultats de cette même étude ont été comparés indirectement à ceux d'une étude évaluant l'efficacité des chimiothérapies. Bien qu’imparfaits, les résultats de ces analyses suggèrent que l’epcoritamab prolonge la vie comparativement aux chimiothérapies standards. Les effets secondaires le plus fréquemment rapportés concernant l’epcoritamab comprennent une réponse inflammatoire de grande ampleur dans tout le corps, appelée syndrome de relargage de cytokines, la fièvre, la fatigue, la diminution du nombre de cellules sanguines et la diarrhée. Le syndrome de relargage de cytokines et les effets secondaires neurologiques causés par l’epcoritamab peuvent être graves. Il s’agit toutefois d’effets secondaires typiques de cette classe de médicament.
Le coût de traitement par l’epcoritamab est élevé et plus élevé que celui des chimiothérapies standards. Ces coûts additionnels ne peuvent être justifiés par les bienfaits cliniques qu’il procure (c’est-à-dire ses effets bénéfiques sur la durée et la qualité de vie des patients). Le rapport entre son coût additionnel et son efficacité supérieure, comparativement aux chimiothérapies standards, n’est donc pas favorable. L’INESSS estime que durant les 3 premières années, le remboursement de l’epcoritamab entraînerait des dépenses additionnelles d’environ 18,5 millions de dollars sur le budget des établissements de santé pour le traitement de 239 patients.
Par ailleurs, en raison des modalités d’administration du traitement et du suivi des effets indésirables, l’epcoritamab nécessite la mobilisation de nombreuses ressources du système de santé, particulièrement en début de traitement, ce qui peut limiter l’accessibilité au traitement.
L’INESSS est conscient qu’il est important, pour les patients et leurs proches, de retarder la progression de la maladie et de prolonger la vie. Dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande au ministre de rembourser EpkinlyMC à la condition que son utilisation soit encadrée, que le fabricant contribue à réduire le fardeau économique sur le système de santé et qu’il consente à une réévaluation du dossier en temps opportun.