Extrait d'avis au ministre
Brukinsa (LLC)
Nom du fabricant : BeiGene
Forme : Caps.
Teneur : 80 mg
Indication : Pour le traitement de la leucémie lymphoïde chronique
Recommandation de l'INESSS
Inscription – Avec conditions
Décision du Ministre
Ajouter des indications reconnues aux listes des médicaments- Médicament d'exception (2023-12-13)
Surseoir à la décision (2023-09-27)
Évaluation publiée le 30 août 2023
Téléchargez l'Avis au ministre sur Brukinsa (LLC)
La leucémie lymphoïde chronique (LLC) est un cancer du sang qui affecte surtout une population âgée. C’est un cancer qui évolue la plupart du temps lentement et qui affecte peu l’espérance de vie des patients qui sont traités. À l’exception de la greffe de cellules souches, à laquelle peu de patients sont admissibles, il n'existe aucun traitement pour guérir ce cancer. Actuellement, au Québec, la majorité des patients qui, atteints d’une LLC, ont des symptômes de la maladie, mais n’ont jamais été traités, se voient offrir l’ibrutinib (ImbruvicaMC), l’acalabrutinib (CalquenceMC) en association ou non avec l’obinutuzumab (GazyvaMC) ou le vénétoclax (VenclextaMC) en association avec l’obinutuzumab. Plus rarement, l’obinutuzumab en association avec le chlorambucil ou la bendamustine en association avec le rituximab peuvent également être offerts au Québec. À la récidive de la maladie, les patients se voient offrir l’ibrutinib, l’acalabrutinib ou le vénétoclax en association avec le rituximab, sans toutefois qu'un traitement de la même classe ou déjà reçu soit réadministré.
Le zanubrutinib (BrukinsaMC) est un médicament de la même classe que l’ibrutinib et l’acalabrutinib. Il peut être donné aux personnes atteintes d’une LLC, qu’elles aient déjà été traitées ou non. Ce traitement vise à retarder la progression de la maladie. Il s’administre quotidiennement par voie orale.
L’évaluation de l’efficacité et des effets secondaires du zanubrutinib repose sur 2 études de bonne qualité. Les résultats de l’une de ces études démontrent que le traitement de 1re intention par le zanubrutinib retarde la progression de la maladie comparativement à l’association bendamustine/rituximab, traitement peu utilisé au Québec pour la LLC. Les résultats de l’autre étude démontrent que le zanubrutinib retarde davantage la progression de la maladie que l’ibrutinib chez les patients ayant une maladie récidivante ou réfractaire. Les effets secondaires le plus fréquemment rapportés concernant le zanubrutinib comprennent les infections respiratoires, la diminution des globules blancs dans le sang, la diarrhée, l’anémie, la toux et la fatigue. Le zanubrutinib ne semble pas augmenter l’incidence d’effets secondaires ni détériorer la qualité de vie des patients, par rapport à l’association bendamustine/rituximab ou à l’ibrutinib. Ainsi, le zanubrutinib représente une option supplémentaire pour les patients atteints d’une LLC.
Le coût de traitement par le zanubrutinib est élevé. Pour les patients nouvellement diagnostiqués, il est cependant inférieur à celui de l’acalabrutinib et de l’ibrutinib, et ce, pour des bénéfices de santé jugés similaires. Pour les patients ayant une maladie récidivante ou réfractaire, les données fournies ne permettent pas de statuer sur le rapport entre son coût et son efficacité (effets sur la durée et la qualité de vie des patients). Par ailleurs, l’INESSS estime que durant les 3 premières années, l’ajout d’une indication reconnue au zanubrutinib entraînerait des dépenses additionnelles d’environ 12,2 millions de dollars sur le budget de la RAMQ pour le traitement de 905 patients.
L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patients et leurs proches, de retarder la progression de la maladie et de conserver une bonne qualité de vie. Dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande au ministre de rembourser BrukinsaMC à la condition que son utilisation soit encadrée et que le fabricant contribue à réduire le fardeau économique sur le système de santé.