Extrait d'avis au ministre

Azilect

Dénomination commune / Sujet : Rasagiline
Nom du fabricant : Teva
Forme : Comprimé
Teneur : 10 mg

Indication : Maladie de Parkinson

Recommandation de l'INESSS
Maintien d’une décision antérieure – Avis de refus – Valeur thérapeutique

Décision du Ministre
Information actuellement non disponible en ligne

Evaluation publiée le 14 octobre 2010

Description du médicament

La rasagiline est le second inhibiteur irréversible de la monoamine oxydase de type B, le premier étant la sélégiline. Comparativement à cette dernière, la rasagiline ne possède aucun métabolite amphétaminergique. AzilectMC est indiqué « pour le traitement des signes et des symptômes de la maladie de Parkinson idiopathique en monothérapie initiale ou en traitement d’appoint à la lévodopa ». Il est inscrit sur les listes pour cette dernière indication. La présente évaluation a porté sur l’utilisation dans la phase précoce de la maladie, soit en première intention.

Valeur thérapeutique

L’efficacité clinique de la rasagiline en monothérapie repose principalement sur les résultats de deux essais randomisés et contrôlés. L’étude ADAGIO (Olanow 2009) est un essai dans lequel les patients sont randomisés en quatre groupes et reçoivent :

  • la rasagiline 1 mg pendant 72 semaines;
  • le placebo pendant 36 semaines suivi de la rasagiline 1 mg;
  • la rasagiline 2 mg pendant 72 semaines;
  • le placebo pendant 36 semaines suivi de la rasagiline 2 mg.

Le but de cette étude est de démontrer l’effet du début précoce de la rasagiline sur l’évolution de la maladie de Parkinson. Les variations de scores à l’échelle Unified Parkinson’s Disease Rating Scale (UPDRS) sont mesurées chez 1 176 patients ayant un diagnostic de maladie de Parkinson depuis 18 mois ou moins et n’ayant jamais reçu de traitement. Shulman (2010) rapporte que des effets cliniquement significatifs sont minimaux lorsqu’un changement atteint 4,5 points sur l’échelle UPDRS, alors que les effets sont modérés lorsque ce changement est de 9 points et grands lorsqu’il est de 17 points. Les principaux résultats de l’étude en lien avec l’objectif principal sont :

  • l’aggravation de la maladie entre les semaines 12 et 36, mesurée par la différence de la variation hebdomadaire du score UPDRS, a été moindre dans les groupes recevant la rasagiline que dans les groupes recevant le placebo. L’ampleur de cette différence sur le score UPDRS est cependant petite : -0,05 avec la dose de 1 mg et -0,07 avec la dose de 2 mg;
  • l’aggravation de la maladie est également moindre, et ce, de façon statistiquement significative, avec le traitement précoce à la dose de 1 mg par rapport au traitement tardif, entre l’évaluation initiale et la semaine 72 (D UPDRS = -1,68), alors que cette supériorité n’est pas démontrée statistiquement avec la dose de 2 mg (D UPDRS = + 0,36);
  • la non-infériorité du traitement précoce par rapport au traitement tardif, mesurée par la différence de la variation hebdomadaire du score UPDRS, est établie pour les deux doses entre les semaines 48 et 72 (D UPDRS = 0 pour la dose de 1 mg et + 0,03 pour la dose de 2 mg).

Le Conseil remarque une différence dans les résultats entre les doses de 1 mg et 2 mg, malgré des populations comparables au départ. De plus, bien que plusieurs résultats soient statistiquement significatifs, le Conseil ne reconnaît pas la signification clinique d’un écart si modeste à l’échelle UPDRS. Le Conseil ne peut donc reconnaître de bénéfices cliniques à l’utilisation précoce de la rasagiline.

La seconde publication (Hauser 2009) fait état des résultats de la prolongation ouverte de l’étude TEMPO, étudiée antérieurement par le Conseil. Elle a pour objet de comparer la progression clinique à long terme de la maladie entre un début précoce et un début tardif de la rasagiline. Des 404 patients randomisés dans l’étude TEMPO, 306  ont participé à l’étude ouverte et 177 ont terminé l’étude. Le résultat principal de l’analyse en intention de traiter est une différence de 2,5 points sur l’échelle UPDRS entre l’inclusion dans l’étude et la fin de celle-ci, soit une période d’observation de 6,5 ans, ce qui favorise de façon statistiquement significative le groupe traité précocement avec la rasagiline (p = 0,021).

Peu de patients font partie de la cohorte finale, soit 26 %, ce qui laisse croire au Conseil que les résultats pourraient être surestimés, les patients les plus malades étant possiblement retirés de l’étude. Comme dans l’étude précédente, le Conseil ne peut statuer que la rasagiline procure un bénéfice clinique avec un écart de 2,5 points sur le score total à l’échelle UPDRS.

Bien que la dose de 1 mg procure une détérioration statistiquement moindre du score évalué à l’aide de l’échelle UPDRS, le Conseil ne peut reconnaître la valeur thérapeutique de la rasagiline en première intention compte tenu de l’absence d’effet clinique significatif noté.

Conclusion

Le Conseil a maintenu sa recommandation de ne pas ajouter une indication reconnue pour le traitement précoce de la maladie de Parkinson pour AzilectMC, car il ne satisfait pas au critère de la valeur thérapeutique en monothérapie.

 

Principales références utilisées

Hauser RA, Lew MF, Hurtig HI, et coll. Long-term outcome of early versus delayed rasagiline treatment in early Parkinson’s Disease. Movement Disorders 2009; 24(4): 564-73.

Olanow CW, Rascol O, Hauser R, et coll. A double-blind, delayed-start trial of rasagiline in Parkinson’s Disease. N Engl J Med 2009; 361: 1268-78.

Shulman LM, Gruber-Baldini AL, Anderson KE, et coll. The clinically important difference on the Unified Parkinson’s Disease Rating Scale. Arch Neurol. 2010; 67(1): 64-70.

Note : D’autres références, publiées ou non publiées, ont été consultées.

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