Extrait d'avis au ministre

Abilify

Dénomination commune / Sujet : Aripiprazole
Nom du fabricant : B.M.S.
Forme : Comprimé
Teneur : 2 mg, 5 mg, 10 mg, 15 mg, 20 mg et 30 mg

Indication : Schizophrénie et troubles psychotiques

Recommandation de l'INESSS
Ajout aux listes de médicaments

Décision du Ministre
Information actuellement non disponible en ligne

Evaluation publiée le 14 octobre 2010

Description du médicament

L’aripiprazole est un antipsychotique atypique indiqué pour « la schizophrénie et les troubles psychotiques apparentés ainsi que le trouble bipolaire, pour la phase aiguë des épisodes maniaques et des épisodes mixtes du trouble bipolaire ». D’autres antipsychotiques atypiques utilisés dans ces conditions figurent sur les listes de médicaments, notamment l’olanzapine (ZyprexaMC et autres), la rispéridone (RisperdalMC et autres), la quétiapine (SeroquelMC et autres) ainsi que la ziprasidone (ZeldoxMC).

Valeur thérapeutique

Le Conseil a déjà reconnu la valeur thérapeutique de l’aripiprazole pour le traitement de la schizophrénie. Il juge que son efficacité est semblable à celle des autres antipsychotiques atypiques pour cette indication (Kane 2007, Stauffer 2007). Le Conseil reconnaît également les avantages de ce médicament sur le profil métabolique (Kerwin 2007, MCQuade 2004).

Certaines données indiquent que l’aripiprazole a une activité favorable sur les symptômes cognitifs de la schizophrénie (Kern 2006). Cette étude à devis ouvert évalue l’effet de l’aripiprazole et de l’olanzapine sur la mémoire verbale de personnes souffrant de schizophrénie, sur une période de 26 semaines. Ces données, bien que prometteuses, ne permettent pas pour l’instant d’attribuer des bénéfices différentiels à l’aripiprazole sur cet aspect.

Par ailleurs, le Conseil considère que les résultats cliniques soutenant l’usage de l’aripiprazole pour la phase aiguë des épisodes maniaques de la maladie bipolaire sont semblables à ceux des autres antipsychotiques inscrits aux listes. Ces données sont appuyées par un bon niveau de preuve, et ce, en considérant les méta-analyses de Perlis (2006) et de Scherk (2007). Le Conseil souligne la similarité des conditions cliniques des sujets impliqués dans les deux indications. En conséquence, le Conseil reconnaît la valeur thérapeutique de l’aripiprazole tant pour la schizophrénie que pour la phase aiguë de la maladie bipolaire.

Aspects économique et pharmacoéconomique

À la suite d’une diminution du prix depuis la dernière évaluation, le prix unitaire des comprimés d’AbilifyMC varie de 2,91 $ à 3,78 $ selon la teneur. Le coût mensuel de traitement avec l’aripiprazole est de 113 $ pour les doses reconnues.

Du point de vue pharmacoéconomique, tel qu’il l’a énoncé lors de la première évaluation, le Conseil privilégie une étude coût-conséquences et considère que l’efficacité de l’aripiprazole est semblable à celle des autres antipsychotiques atypiques pour le traitement de la schizophrénie. De plus, il lui reconnaît des bénéfices sur le profil métabolique. Il juge cependant difficile de quantifier économiquement les conséquences cliniques à long terme qui en découlent. Ainsi, le Conseil est toujours d’avis que le coût de traitement avec l’aripiprazole doit être comparé au coût pondéré des antipsychotiques atypiques, mais en particulier à celui de la ziprasidone, son principal comparateur pour l’aspect du profil métabolique. En raison de la baisse de prix, le coût de traitement par l’aripiprazole est semblable au coût mensuel pondéré des antipsychotiques atypiques, estimé à 110 $ pour le traitement de la schizophrénie (selon les données de facturation de la RAMQ en 2009). De plus, il est maintenant égal à celui de la ziprasidone. Ainsi, le Conseil est d’avis que l’aripiprazole satisfait dorénavant aux critères économique et pharmacoéconomique pour le traitement de la schizophrénie.

En ce qui concerne l’usage de l’aripiprazole pour la phase aiguë des épisodes maniaques du trouble bipolaire, le Conseil privilégie aussi une analyse coût-conséquences. De la même façon que pour le traitement de la schizophrénie, le Conseil reconnaît une efficacité similaire entre les différents antipsychotiques atypiques. De plus, il est d’avis que le profil métabolique favorable de l’aripiprazole doit être considéré, bien que cet avantage soit plus significatif lors de l’usage chronique d’antipsychotiques atypiques. Ainsi, considérant le coût de traitement avec ces médicaments, l’aripiprazole satisfait aussi aux critères économique et pharmacoéconomique pour la phase aiguë des épisodes maniaques et des épisodes mixtes du trouble bipolaire. Cependant, ce constat est valide dans la mesure où certains facteurs ne modifient pas le rendement pharmacoéconomique (bénéfices cliniques et coûts différentiels) de l’aripiprazole dans la comparaison avec les autres antipsychotiques atypiques, par rapport à leur utilisation à long terme en schizophrénie. Parmi les facteurs à considérer, notons les doses utilisées et l’horizon temporel de traitement. À la lumière des données disponibles, ces hypothèses sont jugées raisonnables par le Conseil.

À la suite de la baisse de prix, le Conseil est maintenant d’avis que l’aripiprazole satisfait aux critères économique et pharmacoéconomique, tant pour le traitement de la schizophrénie que pour celui de la phase aiguë des épisodes maniaques de la maladie bipolaire.

Conséquences sur la santé de la population et sur les autres composantes du système de santé

Le Conseil a déjà reconnu les bénéfices de l’aripiprazole pour les personnes ayant subi un gain pondéral significatif à la suite de l’usage d’un antipsychotique atypique ou ayant des facteurs de risque cardiovasculaire. Les conséquences néfastes des effets métaboliques des antipsychotiques incluent des problèmes de santé chroniques, mais aussi une diminution possible de la persistance au traitement, ce qui peut s’avérer dramatique dans la maladie mentale. L’utilisation des ressources de santé, dont des consultations médicales ainsi que la prise de médicaments visant à corriger ces problèmes, sont aussi des conséquences possibles. Dans une perspective globale, l’aripiprazole constitue une option de traitement intéressante. De plus, la réponse aux antipsychotiques étant variable entre les individus, il apparaît utile d’ajouter une option thérapeutique supplémentaire aux listes.

Conclusion

En tenant compte de l’ensemble des critères prévus à la Loi, le Conseil a recommandé l’ajout d’AbilifyMC sur les listes de médicaments.

 

Principales références utilisées

Kane JM, Osuntokun O, Kryzhanovkaya LA, et coll. A 28-week, randomized, double-blind study of olanzapine versus aripiprazole in the treatment of schizophrenia. J Clin Psychiatry 2009; 70(4): 572‑81.

Kern RS, Green MF, Cornblatt BA, et coll. The neurocognitive effects of aripiprazole: an open-label comparison with olanzapine. Psychopharmacology 2006; 187(3): 312-20.

Kerwin R, Millet B, Herman E, et coll. A multicentre, randomized, naturalistic, open-label study between aripiprazole and standard of care in the management of community-treated schizophrenic patients. Schizophrenia Trial of Aripiprazole: STAR study. European Psychiatry 2007; 22(7): 433-43.

McQuade R, Stock E, Marcus R, et coll. A comparison of weight change during treatment with olanzapine or aripiprazole: results from a randomized, double-blind study. Journal of Clinical Psychiatry 2004; 65 Suppl 18: 47-56.

Perlis RH, Welge JA, Vornik LA, et coll. Atypical antipsychotics in the treatment of mania: a meta-analysis of randomized, placebo-controlled trials. J Clin Psychiatry 2006; 67: 509-16.

Scherk H, Pajonk FG et Leucht S. Second-generation antipsychotic agents in the treatment of acute mania. Arch Gen Psychiatry 2007; 64: 442-55.

Stauffer V, Ascher-Svanum H, Liu L, et coll. Maintenance of response with atypical antipsychotics in the treatment of schizophrenia : a post-hoc analysis of 5 double-blind, randomized clinical trials. BMC Psychiatry 2009; 9(13): 1-12.

Note : D’autres références, publiées ou non publiées, ont été consultées.

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