Étude sur l'usage concomitant des antipsychotiques (Volet II)

2011-01-18 | Médicaments: Usage optimal

Étude rétrospective de cohorte transversale

Contexte

Le Conseil du médicament a été sollicité pour documenter l’usage des antipsychotiques (AP) dans la population québécoise en ciblant plus particulièrement la prise concomitante de plusieurs AP. Cette demande fait suite à deux rapports d’investigation du médecin coroner à propos de patients atteints de schizophrénie traités avec une polythérapie AP. Le volet I a abordé l’usage général des AP en concomitance dans la population générale.

Objectifs

La présente étude (volet II) avait comme objectif de déterminer la prévalence d’usage d’AP, la proportion d’usage de la polythérapie AP et la description des combinaisons d’AP selon les groupes de psychopathologies chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes.

Méthodologie

Une étude rétrospective de cohorte transversale a été menée chez les personnes inscrites de façon continue (du 1er janvier au 31 décembre 2006) au régime public d’assurance médicaments (RPAM) administré par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Deux types de population ont été pris en compte dans la présente étude :

  1. les enfants et les adolescents à la charge des adhérents et les adhérents de moins de 25 ans (AD);
  2. les enfants et les adolescents à la charge des prestataires d’une aide financière de dernier recours (PAFDR) et les jeunes adultes PAFDR de moins de 25 ans.

Les données relatives aux médicaments délivrés aux personnes assurées et les données sociodémographiques et médicales (services médicaux et codes diagnostiques associés) de ces personnes proviennent des fichiers informatisés de la RAMQ. Une analyse descriptive des personnes assurées par le RPAM et des utilisateurs d’AP a été effectuée selon le type d’AP utilisé, le type de thérapie (monothérapie ou polythérapie), la durée de la thérapie (longue durée : 60 jours consécutifs ou plus; courte durée : moins de 60 jours), les combinaisons d’AP (bi-, tri- et tétrathérapie), le groupe d’âge, le sexe, la région sociosanitaire de résidence et selon cinq groupes mutuellement exclusifs de diagnostics psychiatriques principaux, mutuellement exclusifs.

Résultats

En 2006, la prévalence totale d’usage d’AP chez les moins de 25 ans était de 1,5 %. Parmi les 8 391 utilisateurs d’AP de moins de 25 ans, 6 % ont reçu au moins une fois dans l’année une polythérapie longue durée (60 jours et plus). La proportion d’usage des antipsychotiques atypiques (APA) était très élevée, avec 95 % des utilisateurs. Lorsque les utilisateurs d’AP étaient classés de façon séquentielle selon cinq groupes de diagnostics mutuellement exclusifs , on obtenait 1 487 utilisateurs qui présentaient un diagnostic de schizophrénie, 1 030 de troubles mentaux organiques et non organiques, 996 de troubles envahissants du développement (TED), 1 586 de troubles du comportement perturbateur (TCP) et 2 129 de troubles de l’humeur. Une grande majorité de ces personnes avaient plus d’un diagnostic psychiatrique et l’usage de la polythérapie AP longue durée variait de 4,75 % à 24,12 % en fonction du groupe de pathologies considéré.

Conclusion

Malgré le manque d’indication officielle sur l’usage en pédiatrie des AP, et particulièrement des APA, ces médicaments sont néanmoins prescrits au Québec, et ce, dans plusieurs situations cliniques. La prescription de combinaisons de plus d’un antipsychotique à des personnes de 18 ans ou moins et à de jeunes adultes pour de longues périodes sans que ces combinaisons ne soient appuyées par des données probantes est préoccupante et souligne la nécessité d’établir des lignes directrices d’usage des AP chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes.

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