Étude de suivi sur l'usage des hypolipémiants

2010-03-30 | Usage optimal, Cardiologie et maladies neurovasculaires

Étude de cohorte

Contexte

Selon les statistiques de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) de 2008, 21,9 % des personnes assurées par la portion publique du régime général d’assurance médicaments (RGAM) ont reçu au moins une ordonnance pour un médicament hypolipémiant au cours de l’année. De nombreuses études rapportent des problèmes d’usage associés aux hypolipémiants. Les données canadiennes et québécoises récentes étant limitées, une évaluation de l’usage des hypolipémiants au Québec est indiquée.

Objectif

Dresser un portrait de l’usage des hypolipémiants par les adultes couverts par le régime public d’assurance médicaments au cours des cinq dernières années, soit du 1er janvier 2004 au 31 décembre 2008.

Méthodologie

Une étude rétrospective de cohorte longitudinale a été menée chez les adultes de 18 ans ou plus assurés par le régime public d’assurance médicaments. Les personnes ayant des antécédents de maladie vasculaire athérosclérotique (MVA) ou de diabète de type I ou II, selon l’information sur les services médicaux et pharmaceutiques rendus, étaient considérées comme étant à risque élevé de maladie cardiovasculaire (MCV). Les services pharmaceutiques étaient également utilisés pour caractériser l’usage de médicaments hypolipémiants chez ces personnes, de 2004 à 2008.

Des prévalences d’usage des hypolipémiants ont été calculées pour chacune des années pour la population totale, en fonction de l’âge, du sexe, de la catégorie d’assuré et du risque cardiovasculaire des personnes. Les nouveaux utilisateurs et leurs traitements ont également été décrits. Certains déterminants des prescriptions ont été établis par une régression logistique parmi les personnes considérées comme étant à risque élevé de maladie cardiovasculaire.

Résultats

De 2004 à 2008, la prévalence de l’usage des hypolipémiants chez les adultes québécois assurés par le régime public d’assurance médicaments a augmenté de 21,4 %, passant de 23,4 % à 28,4 %. Alors que seulement 52,5 % des adultes considérés comme étant à risque élevé de maladie cardiovasculaire recevaient des hypolipémiants en 2004, cette prévalence est passée à 62,9 % en 2008, ce qui représente une augmentation relative de 19,8 %. L’augmentation relative de l’usage des hypolipémiants a été similaire (18,5 %) parmi les personnes considérées comme étant à risque faible ou modéré. Chez les personnes considérées comme étant à risque élevé de MCV, le principal déterminant de prescription des hypolipémiants était l’âge, avec des rapports de cotes (RC) ajustés variant de 4,1 à 16,7 selon la catégorie d’âge.

 
Chez les nouveaux utilisateurs d’hypolipémiants, 46,1 % étaient considérés comme étant à risque élevé de MCV en 2004 comparativement à 40,8 % en 2008, alors que la proportion de personnes à risque élevé dans la population générale est assez stable dans le temps. L’étude révèle que 47,4 % des patients à risque élevé de MCV traités avec des statines recevaient des doses élevées après deux ans, et cette proportion était à peine différente à l’amorce du traitement (44,3 %). La proportion des nouveaux utilisateurs d’hypolipémiants qui étaient toujours sous traitement baissait de façon marquée à 180 jours (73,6 %) pour se stabiliser par la suite.

Conclusion

Il semble qu’encore plusieurs personnes à risque élevé de MCV pourraient profiter d’une thérapie aux hypolipémiants, mais que pour différentes raisons, elles ne seraient pas traitées. Par ailleurs, l’usage des hypolipémiants chez les personnes considérées à risque faible ou modéré semble plus important que ce qui serait souhaité, et ce, particulièrement chez les personnes âgées. Cet usage pourrait toutefois être justifié étant donné que les données utilisées n’incluaient pas les renseignements cliniques tels que les valeurs lipidiques. Il serait pertinent de mener des études plus poussées sur l'usage des hypolipémiants dans la population québécoise afin de déterminer,pour les personnes à risque faible ou modéré de MCV, si l'usage des hypolipémiants est toujours justifié et, chez les personnes à risque élevé, les raisons qui font obstacle à leur usage, afin de mettre en place des interventions adaptées aux problématiques.

REF20

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